3919 : ce qu’on sait de la passe d’armes sur le budget entre le gouvernement et le PS

Une écoutante de la plate-forme téléphonique du 3919, numéro d'appel unique destiné aux femmes victimes de violences conjugales s'entretient avec une personne au téléphone, le 20 mai 2010 à Paris. La secrétaire d'Etat chargée de la Famille Nadine Morano a demandé le 12 mai dernier l'adoption avant l'été par le Sénat de la proposition de loi contre les violences faites aux femmes, déjà adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale.       AFP PHOTO/JACQUES DEMARTHON (Photo by Jacques DEMARTHON / AFP)

POLITIQUE - Le gouvernement a-t-il vraiment revu à la baisse ses ambitions en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, pourtant grande cause du quinquennat ? La députée socialiste Valérie Rabault assure que oui. « Instrumentalisation » répond la ministre déléguée Isabelle Rome.

Le 5 octobre, Valérie Rabault s’indigne sur Twitter. « Le gouvernement annonce que l’objectif de qualité de service pour 2023 est revu à la baisse (75 % au lieu de 85 % pour le taux d’appels traités) » pour la ligne d’écoute, écrit la députée de Tarn-et-Garonne.« Hallucinant », ajoute-t-elle au-dessus de la capture d’écran d’un document budgétaire annexé au projet de loi de finances pour 2023 du gouvernement.

L’indicateur auquel elle fait référence est établi en rapportant le nombre d’appels au 3919 effectivement traités au nombre des appels reçus. Selon le document budgétaire qu’elle mentionne, un objectif de 85% avait été fixé pour la période 2021-2023, mais le gouvernement a décidé de le baisser à 75% en 2023 pour tenir compte d’un trafic d’appels qui « reste très soutenu » et d’une ouverture désormais 24h/24h qui « nécessite encore des ajustements pour dimensionner au mieux les ressources humaines ».

Dans la foulée, la vice-présidente PS de l’Assemblée a annoncé le dépôt d’un amendement par son groupe « pour que des moyens suffisants soient donnés au 3919 afin que les appels puissent être traités » dans le cadre de l’examen du budget par l’Assemblée nationale.

« Valérie Rabault devrait être en capacité de comprendre un document budgétaire »

La prise de position de Valérie Rabault a ulcéré la ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes Isabelle Rome, qui dénonce « mensonge » et « fake news ». « En tant qu’ancienne rapporteure générale du budget, Valérie Rabault devrait être en capacité de comprendre un document budgétaire, à moins qu’elle instrumentalise ce sujet pour faire oublier le maigre bilan des quinquennats avant 2017 », a fustigé la ministre dans une déclaration transmise à la presse.

Selon elle, « la politique ambitieuse du gouvernement pour libérer la parole des victimes a conduit à un afflux d’appels » sur le 3919. Elle a par ailleurs souligné l’augmentation « sans précédent » des subventions allouées au ministère et qui permet « d’améliorer le taux de réponse aux appels. » « Ce taux de réponse a d’ailleurs augmenté de 114% entre 2017 et 2020, notamment grâce au recrutement et à la formation de nouvelles écoutantes. La tendance est donc très nettement à l’amélioration » réplique la ministre en charge du dossier.

Auprès de l’AFP, Françoise Brié, présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui gère la ligne 3919, a confirmé la nette augmentation des appels, environ « 250 par jour le week-end » contre « 150 par jour le week-end » en 2019. Ainsi, qu’une « rectification » des objectifs de l’État : « Là, on est à 75-80%, les services de l’État ont rectifié cet objectif au regard de la réalité », précise-t-elle.

« En 2023, on va augmenter le nombre d’écoutantes et de chargées de pré-accueil en particulier les week-ends et en soirée », a-t-elle ajouté. « On aura besoin de financement et d’embauches supplémentaires en 2023 pour augmenter le nombre d’écoutantes et augmenter la qualité de service », ainsi que de revalorisation de salaires pour pérenniser les postes et encourager le recrutement, indique-t-elle.

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