20 questions à la jeune star du film The Revenant : Forrest Goodluck

The Revenant d'Alejandro González Iñárritu a reçu d'excellentes critiques, ainsi que trois Golden Globes, récompensant la beauté visuelle et la brutalité sauvage du film. Ce dernier raconte une histoire de survie éprouvante basée sur la vie de Hugh Glass, un aventurier du début du 19ème siècle (Leonardo DiCaprio), et reçoit beaucoup d'éloges sur les performances impressionnantes des acteurs, dont celle de Forrest Goodluck qui joue ici son premier rôle dans un film à grand budget. Goodluck, encore au lycée, joue Hawk, le film de Glass d'origine Pawnee. Sans trop en révéler sur le film, Goodluck ne se laisse pas intimider par ses collègues plus aguerris Tom Hardy, Will Poulter, Domhnall Gleeson et DiCaprio dans certaines scènes très intenses tournées dans des paysages hivernaux.

Forrest Goodluck dans The Revenant

Apprenez-en un peu plus sur Goodluck et découvrez comment il s'est débrouillé sur ce tournage en extérieur particulièrement glacial :

1. Quel âge as-tu ?
J'ai 17 ans.

2. D'où viens-tu?
D'Albuquerque, au Nouveau-Mexique.

3. Essayes-tu d'entrer dans une université ?
Oui. Je me renseigne sur certaines écoles et sur le processus pour entrer à l'université. Je m'intéresse pas mal à Los Angeles. J'ai envoyé des demandes à USC, UCLA et je suis ouvert à New-York, là où les grands esprits se réunissent.

4. J'ai lu que tu appartenais à plusieurs tribus. Peux-tu me les décrire ?
Nation Diné est la Nation navajo. Les Mandans et les Hidatsas habitent dans le Dakota du Nord. Et les Tsimshians vivent en Alaska. Mon père descend des navajos à Shiprock, Nouveau-Mexique. Diné signifie « le peuple » en navajo. Si vous entendez le nom d'une tribu indienne, ça veut généralement dire « le peuple » ou « les humains ». Ma grand-mère maternelle vient de la réserve Fort Berthold dans le Dakota du Nord, la réserve d'où viennent les Arikaras. Les Arikaras, bien sûr, apparaissent dansThe Revenant.

5. Comment as-tu été choisi pour jouer dansThe Revenant ?
[Rires] Pas mal d'auditions. C'est une expérience dingue. J'ai fini dans un avion au Nouveau-Mexique en direction de Los Angeles et Calgary [Canada] pour passer des semaines à perfectionner ce personnage. Ils m'ont fait confiance. Je suis heureux qu'Alejandro ait vu quelque chose en moi.

6. Comment es-tu rentré dans ton personnage ?
Je travaillais avec une coach Angela Gibbs, qui a déjà travaillé avec Alejandro et a même soutenu Michael Keaton dans Birdman. Elle m'a transformé en acteur. Je n'aurais pas pu y arriver sans elle. Elle m'a appris à développer plusieurs couches, et chaque jour, cela me permettait d'approfondir mon personnage un peu plus… on faisait cet exercice qu'ils appellent « faire de la projection » pendant lequel je choisissais un personnage, celui de Leonardo DiCaprio qui joue mon père Hugh Glass, et je l'imaginais dans la peau de mon vrai père. Je le voyais de différentes manières et cela transparait à l'écran.

De gauche à droite : Goodluck, Iñárritu et DiCaprio à l'avant-première du film à Hollywood le 16 décembre

7. C'était comment de travailler avec Leonardo DiCaprio ?
Il y avait pas mal de répétitions avant même de prendre la caméra en main. Il est tellement intelligent. Il ne m'a jamais critiqué. Les gens [dans le film], comme Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter ou Domhnall Gleeson ne sont pas du genre à juger les autres. Ils m'ont toujours aidé pendant chaque scène. Bien sûr, comme c'est mon première film et qu'il y avait un certain degré d'intimidation, j'ai beaucoup apprécié de constater au quotidien qu'ils étaient très humains et comme tout le monde.

8. Avez-vous eu un moment tous les deux où vous avez senti que la dynamique entre acteurs fonctionnait vraiment bien ?
On était tous les deux sur un bateau en attendant le début de la scène. On attendait que les caméras se mettent à tourner. On s'est mis à discuter, il m'a regardé et il m'a dit d'approcher et m'a confié [en paraphrasant] : « Ecoute, tu n'as pas besoin de trop t'inquiéter à propos de ce qu'on fait. C'est vrai, le film va être dur, mais je n'ai jamais fait de film comme ça non plus ». Ce qu'il m'a dit était une belle leçon d'humilité. On était tous les deux, littéralement, sur le même bateau. Du coup, je me suis dit [expire], laisse couler. J'ai compris que c'était une nouvelle expérience pour tout le monde, y compris le réalisateur, le directeur de la photographie, l'équipe des acteurs et toute l'équipe du film. Le film a capturé une réalité brute et une beauté qui n'avaient encore jamais été capturées dans un film auparavant. On expérimentait afin de créer quelque chose de grand.

9. Quel type de conseils Alejandro González Iñárritu t'a-t-il donnés ?
C'est un homme qui se base sur la vérité. Tout doit avoir un sens dans sa tête avant même qu'il ne lève la caméra, il ferme souvent les yeux et songe vraiment à la scène. Il sait immédiatement si vous n'êtes pas vrai. Le regard est hésitant ou il y a un moment d'égarement. Il le remarque instantanément et recommence la scène depuis le début. Il ne me demandera jamais de faire quelque chose qu'il me considère incapable de réaliser. C'est cette foi et cette confiance qu'il porte envers les acteurs, moi y compris, qui rend ses films aussi vrais, réalistes et beaux. Cela m'a permis d'être plus confiant par rapport à mes propres capacités.

10. Tu devais affronter le froid comme tout le monde. Y-a-t-il un moment particulier à propos de cette expérience qui t'a vraiment marqué ?
Ils disent souvent que si tu ne peux rien changer à une situation, alors accepte-la. C'est ce que je me disais. J'adorais chaque jour où je ne pouvais plus sentir mes pieds ou mes mains. Je me disais : « C'est super. C'est génial ». Ce froid intense dans les os, c'est un sentiment stimulant. Un peu comme une drogue : vous avez froid, votre sang se met à pulser, vous criez, vous faites toutes ces choses intéressantes que vous n'aviez jamais fait auparavant. Pour moi, j'essayais d'apprécier chaque nouveau jour de tournage, en étant reconnaissant et en appréciant être dans la nature au milieu des éléments. C'est mieux d'être à la maison à faire ses devoirs ou de tourner une scène en compagnie de toutes ces personnes fascinantes ?

11. Quel genre de formation d'acteur as-tu reçu ?
Je suis allé à l'école Bosque depuis l'école primaire. J'ai suivi des cours de théâtre là-bas. J'ai aussi suivi des cours d'audition et d'improvisation à la Sol Acting Academy, dirigée par [l'actrice] Vivian Nesbitt. Elle m'a vue et a dit à ma mère : « Hey, votre fils a une certaine présence et il est doué pour jouer. Vous devriez tenter le coup ». C'est à ce moment-là qu'on a commencé à auditionner pour des films. J'avais été accepté pour quelques rôles auparavant mais ça n'avait pas marché jusqu’à celui-ci. À l’âge de 13 ou 14 ans, j'ai été choisi pour jouer dans un film appelé Man Called Buffalo par le réalisateur indien Chris Eyre, qui avait réalisé Smoke Signals. La directrice de casting, Rene Haynes, avait apprécié ma façon de jouer. Le film n'a pas abouti mais elle ne m'a pas oublié. Il s'agit d'une directrice de casting renommée qui a également choisi les acteurs qui ont joué les loups dans les films Twilight. Elle m'a envoyé quelques rôles et j'ai été choisi mais les films n'ont finalement pas abouti. The Revenantest le premier qui a marché.

12. Peux-tu révéler certains autres rôles qui n'ont pas abouti ?
J'ai été choisi pour jouer dans Jane Got a Gun. Bien sûr, ce film a mis du temps à être réalisé. Certains disent qu'il est maudit. Je suis allé sur le tournage et ils ont fait quelques tests et j'ai rencontré la directrice [à l'époque] Lynne Ramsay, une femme incroyable. Mais il y a eu des difficultés [entre les membres de l'équipe du film]. J'ai quand même été payé pour cette journée de tournage. J'ai pris l'argent et je me suis acheté un petit appareil reflex numérique et j'ai commencé à réaliser mes propres films.

13. J'ai vu ta page Instagram. Apparemment, tu aimes aussi la photographie.
J'ai toujours adoré les appareils photo. Et souvent, j'aime être derrière à photographier les autres.

14. On prend aussi pas mal ta photo pendant les conférences de presse.
Oh oui. C'est fou de voir tous ces photographes crier « Forrest ! Forrest ! Regarde par là ! Regarde à gauche ! »

15. Tu as partagé une photo en noir et blanc vraiment cool de ton père sur Instagram(ci-dessus). Peux-tu m'en dire plus à ce sujet ?
C'est un hommage à mon père. Il est discret. C'est un médecin, il est très intelligent. Il adore son travail et aider les autres. C'est une inspiration. J'essaie de garder les pieds sur terre.

16. Qui d'autre t'influence ?
Le principal conseil que je reçois de la part de mes ainées, de mes tribus, c'est que je dois offrir un monde meilleur aux générations suivantes. Mes origines sont indiennes et tous ceux qui ont survécu au génocide dans ce pays ont fait beaucoup de sacrifices. Je suis vraiment reconnaissant de pouvoir jouer dans des films. Je dois me retrouver dans cette culture car tous mes ainés ont survécu dans un pays qui ne les acceptait pas forcément. Mon objectif est définitivement de rendre hommage à mes ancêtres pour les futures générations.

17. Tu as aussi remporté des récompenses lors de festival de films pour tes efforts en tant que réalisateur. Es-tu déjà apparu dans l'un de tes films ?
Oui. J'étais en face de la camera et derrière, ce qui n'est pas évident. Des gens comme Ben Affleck l'ont fait. C'est intéressant d'essayer d'être des deux côtés. J'aime expérimenter avec plusieurs choses. Je suis inspiré par la réalisation d'hommes comme Robert Rodriguez où il faut se lancer et faire le film. Tu apprends quelque chose, peu importe si le film est génial ou pas.

18. Combien de fois as-tu vu The Revenant?
Quatre fois. A chaque fois, je remarque quelque chose. Même si je n'étais pas dans le film, je l'étudierais quand même car il est profond et intense. J'apprends beaucoup, pas parce que je m'observe, mais plutôt au niveau de la production, ce que l'équipe est parvenue à accomplir.

19. Quelle est ton expérience la plus irréelle pendant le tournage ?
Les éléments. Le fait que les arbres et les montagnes sont apparus des siècles avant ma naissance et qu'ils seront là des siècles après ma mort. Le fait que ce film ne va pas juste faire le buzz pendant quelques mois. Ce film signifie vraiment quelque chose et va avoir un impact important.

20. Maintenant que tu as joué dans The Revenant, prévois-tu de jouer dans d'autres films ?
J'ai passé quelques auditions et tout. Je me concentre sur ma carrière d'acteur et j'espère aller aussi loin que possible.

(Photos : 20th Century Fox, Forrest Goodluck, Frazer Harrison/Getty Images)

Meriah Doty
Rédactrice