1683, la bataille de Vienne : un film "réservé aux crétins"

“La bataille de Vienne, [menée et perdue par le sultan ottoman Kara Mustafa, contre les Habsbourg] est considérée comme tournant dans l’histoire mondiale [coup
arrêt de l’expansion des Ottomans en Europe]. Pourtant elle n’avait jamais été portée à
l’écran, avant que le réalisateur italien Renzo Martinelli ne comble ce manque de manière bien maladroite”,
regrette Marek Sadowski du quotidien conservateur Rzeczpospolita. Zdzislaw Pietrasik, de l’hebdomadaire Polityka, constate pour sa part de nombreuses inexactitudes
historiques présentes dans le film. Pour Pietrasik, ce n’est pas tant un
film historique, mais “une œuvre du genre fantasy”.”Ce n’est pas un film mauvais. Il est pitoyable,
tout
simplement affreux sur tous les plans. En commençant par les génériques
pompeux et par la première scène, comme si ils étaient tournés sur un blue box [vieil ordinateur] datant de l’époque de la RDA”, estime la bloggeuse Karolina
Korwin Piotrowska, sur le site natemat.pl
,
avant de s’étonner : “Pourtant, les Italiens ont une tradition de navets
historiques qui se laissent regarder encore aujourd’hui…”

Pour Pawel Flis du quotidien Gazeta
Wyborcza
, le metteur en scène, “qui a un talent de quelqu’un sourd à
tout ce qui ce fait le charme de cinéma”, a transformé l’histoire de la
Pologne “en un conte de fées sur les bons catholiques et très méchants
musulmans, sur les rois invraisemblablement bêtes et très sages (le nôtre ! le
nôtre !), les comètes, épées flamboyantes, loups se transformant en esprits,
soldats polonais fixant l’icône de la Vierge, qui connaissent les langues étrangères et
passent à l’attaque après un ‘In the name of God !‘ “Flis dénonce une “curiosité absolue”, un
“épouvantail
pseudo cinématographique”, un “conte grossier et simpliste, doublé de
l’idéologie pro catholique”, “d’un niveau comparable avec les films
de l’époque communiste”, bref, “un ratage parfait”. Ici, les “dialogues
sont en bois” et les scénaristes “n’ont pas la moindre idée pour faire la
différence entre un personnage en chair et en os et une marionnette”.
Selon Flis, ils “construisent leur narration comme si le film était
réservé aux seuls crétins”. “La ministère de l’Education devrait
interdire ce film aux jeunes, sous peine de fouetter les professeurs qui
auraient l’idée d’y emmener leurs élèves”, conclut Flis.”Les critiques ne se contentent plus du droit de
critiquer”, se défend Allessandro
Leone, producteur du film, dans une lettre envoyée au médias.
“Ils exigent
à présent la destruction des copies et la fermeture des salles de projection. S’agit-il
d’une guerre personnelle ? Contre qui ? Moi ? Nous ? Le monde ?”, s’exclame-t-il.
“Selon moi, un film n’a pas à devenir une affaire nationale”,
explique Leone, suggérant aux Polonais de tourner leurs propres films sur leurs
propres héros comme Copernic, Chopin, Curie, souvent pris pour des étrangers
et non pour les Polonais dans des films produits en dehors de la Pologne. “J’ai
juste voulu rapprocher du public un élément important de l’histoire et
insuffler un désir de discuter, pour qu’elle ne soit pas oubliée. Et là, nous
avons certainement réussi”, conclut le producteur. “Nous préférons nous abstenir de tout commentaire”, conclut l’hebdomadaire Newsweek Polska
qui reproduit in extenso la lettre de Leone.

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