Évacuation des soldats français du Niger : comment va se dérouler le retrait des troupes ?

PUTSCH AU NIGER - Les conditions de départ des 1 500 soldats français au Niger doivent être précisées. Le régime militaire issu du coup d’État dans le pays a estimé, dans un communiqué publié dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 septembre, que le « calendrier du retrait des troupes françaises du Niger doit être établi dans un cadre négocié et d’un commun accord pour une meilleure efficacité ».

Dimanche soir, le président Emmanuel Macron avait annoncé lors de son interview sur TF1 et France 2 le retrait du Niger des 1 500 soldats français d’ici la fin de l’année. Le régime nigérien dit attendre « que cette déclaration soit suivie d’actes officiels émanant des autorités françaises compétentes ».

Le président de la République avait également annoncé dimanche le retour à Paris de l’ambassadeur à Niamey Sylvain Itté « dans les prochaines heures », se pliant aux exigences des putschistes. Pour le moment, aucun mouvement particulier laissant supposer un départ de Sylvain Itté n’a été observé autour de l’ambassade à Niamey.

Si l’annonce d’Emmanuel Macron a déclenché une célébration générale à Niamey dimanche, le retrait français exigé par les putschistes depuis plusieurs semaines se présente comme un véritable défi logistique.

Il concerne en effet non seulement 1 500 soldats, mais aussi tout le matériel appartenant à l’armée française. « Raison pour laquelle les militaires français avaient pris langue depuis quelques semaines avec leurs homologues nigériens pour préparer ce retrait », a d’ailleurs souligné ce lundi Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense sur RFI.

L’espace aérien interdit aux avions français

« Les 200 soldats stationnés à Ouallam [ouest du Niger, NDLR] vont dans premier temps rejoindre la base aérienne proche de Niamey, centre du déploiement français », a expliqué Franck Alexandre. À partir de là, « il sera ensuite relativement aisé de sortir les troupes grâce à un pont aérien », estime le journaliste qui n’évoque pas la base d’Ayorou, située au nord de Ouallam.

Présence militaire française en Afrique de l’Ouest et centrale
AFP Présence militaire française en Afrique de l’Ouest et centrale

Problème : la veille de l’interview d’Emmanuel Macron, le Niger a interdit l’accès des avions français à son espace aérien. Ce dernier « est ouvert à tous les vols commerciaux nationaux et internationaux à l’exception des avions français ou des avions affrétés par la France, dont ceux de la flotte d’Air France », indiquait un message publié sur le site de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar.

Ce communiqué, rendu public samedi soir et repéré par l’AFP, précise que l’espace aérien nigérien reste fermé pour « tous les vols militaires opérationnels et vols spéciaux » sauf autorisation spéciale des autorités. Difficile, dans ces conditions, d’évacuer les militaires par les airs pour le moment.

Plus de huit mois pour quitter le Mali en 2022

Autre défi pour Paris, faire sortir « tous les éléments lourds et volumineux comme les véhicules de combats, les aérogares mobiles, les hélicoptères » par la voie terrestre, a également souligné Franck Alexandre sur RFI. Ces équipements imposants devraient prendre la route direction le Tchad, la Côte d’Ivoire ou le Bénin.

Sauf que les discussions entre les autorités françaises et nigériennes sur ce sujet sont compliquées, a rapporté au journal Le Monde une source proche du dossier peu avant l’officialisation du départ français faite par le chef de l’État. Sans en dire plus sur ces blocages.

Dans ce contexte, rien n’est gagné d’autant qu’Emmanuel Macron a donné seulement trois mois aux troupes pour se retirer. Comme le rappelle le quotidien, le retrait des 5 000 soldats de l’opération Barkhane déployés au Mali avait débuté dès fin 2021 pour ne s’achever qu’en août 2022.

Et après, que va-t-il se passer pour les soldats français évacués ? Mystère, puisque le président de la République ne l’a pas précisé. Pour Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français de relations internationales (Ifri) et interrogé par Ouest-France, les militaires ne seront pas redéployés, mais « vont très probablement rentrer en France ». La présence française en Afrique n’a pas fini de se réduire comme peau de chagrin.

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