Elle étiquette ses bagages dans un train pour respecter les règles SNCF : un homme la contacte sans son consentement

Si l’étiquetage obligatoire des bagages dans le train a pour but d’éviter les valises perdues, certains le détournent pour se procurer les coordonnées de personnes qui voyagent. Nina en a fait les frais et témoigne de cette forme de harcèlement dans l’espace public.

HARCÈLEMENT - « On sait que c’est une possibilité, même si on se répète qu’il ne faut pas être paranoïaque : quand on est une femme, on peut se faire harceler partout » soupire Nina*. Y compris dans les trains, où sur l’étiquetage des valises, les coordonnées sont visibles… et peuvent donc servir à des prises de contact mal intentionnées.

C’est ce dont la jeune femme de 26 ans a témoigné sur Twitter le 18 juin dernier. Alors qu’elle était en route pour un salon professionnel, un homme s’est servi de l’étiquette sur ses bagages pour obtenir son numéro de téléphone sans son consentement et lui envoyer un message pour « faire connaissance ». Une sollicitation stressante que la jeune femme a accepté de raconter au HuffPost.

« J’ai trouvé ton numéro sur l’étiquette de ton bagage »

« J’ai toujours trouvé ça bizarre de laisser ses coordonnées au vu et au su de tout le monde sur sa valise, explique Nina. Mais quand j’ai pris le train ce dimanche, je me suis dit ‘Pour une fois, respecte l’obligation et fais-le’, en essayant de placer l’étiquette de manière à ce qu’elle soit la moins visible possible. »

Deux heures après avoir déposé sa valise à l’entrée du wagon, elle raconte avoir reçu un message sur WhatsApp : « Je sais que c’est un peu bizarre mais j’ai trouvé ton numéro sur l’étiquette de ton bagage. Je te trouve jolie… ».

Son premier réflexe est d’abord d’aller chercher sa valise pour pouvoir la surveiller. « Ensuite, j’ai dit à cette personne que ça ne se faisait pas de prendre le numéro des gens sans leur consentement, puis, je l’ai bloquée. »

Cela ne suffit pas à rassurer entièrement Nina, qui s’inquiète. « Je me suis dit ‘Il me reste deux heures de train, je suis toute seule et le mec connaît mon visage. Je ne savais pas à quoi il ressemblait ou à quel point il pouvait représenter une menace physique. J’ai envisagé d’aller en parler à un contrôleur, mais j’appréhendais qu’il me voie me déplacer ». Un moment d’angoisse, après une interaction qu’elle décrit comme très intrusive. « Cet homme avait aussi mon nom et mon prénom. Avec ces infos, j’avais peur qu’il puisse me retrouver ».

Une expérience partagée par plusieurs usagères de train

Les réactions suscitées par son tweet montrent par ailleurs que son expérience n’a rien de rare. « Ça m’est arrivé à 16 ans, depuis j’ai plus jamais remis une étiquette sur une valise » peut-on lire dans les réponses, parmi d’autres témoignages qui rappellent que pour les femmes, le partage de ses coordonnées en public peut être une source de stress en toutes circonstances. « Des fois, quand je donne mon numéro à voix haute pour une carte de fidélité […], j’ai peur qu’un mec le retienne […] » explique une autre internaute.

« La majorité des réponses à mon tweet ont été très bienveillantes, décrit Nina qui a tout de même constaté que certains minimisaient le caractère pénible de cette interaction. Mais des gens sont quand même venus me dire que cet homme, qui avait pris mon numéro de téléphone sans mon consentement, avait été poli et qu’il n’y avait donc rien de grave. Ils ne se rendent pas compte que c’est une forme de harcèlement au même titre que le harcèlement de rue ou le stalking. »

L’étiquette QR code, pour plus d’anonymat

Pour éviter ces situations, plusieurs personnes ont conseillé à Nina les étiquettes QR Code de la SNCF, qui permettent de rester anonyme. Le service presse de la SNCF a précisé au HuffPost par mail :

« L’étiquette QR code a pour objectif de retrouver rapidement le propriétaire d’un bagage oublié, réduisant le temps de la procédure. Elle permet aussi de connaître l’identité du voyageur tout en protégeant les coordonnées de la vue des autres clients. 100% anonymes, les coordonnées associées à l’étiquette QR Code sont lisibles uniquement par les agents de SNCF Voyageurs, qui ont des smartphones dédiés et sécurisés. Seul un agent de SNCF Voyageurs peut accéder à ces informations. »

La SNCF précise que ces étiquettes concernent les TGV INOUI, OUIGO et INTERCITÉS et qu’elles sont disponibles sur le quai avant l’embarquement, ou directement auprès du chef de bord. Par mail, l’agence ferroviaire rappelle par ailleurs qu’il existe un numéro d’appel d’urgence d’assistance aux voyageurs à bord des trains, le 3117, ouvert 24h/24 et 7j/7 (appel non surtaxé). « C’est un relais d’appel d’urgence vers les services de secours publics compétents qui ne se substitue pas aux numéros de secours habituels (pompier, police, Samu …). » Les voyageuses, et les voyageurs, victimes ou témoins de comportements anormaux, peuvent l’utiliser.

* Le prénom a été modifié

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