États-Unis, “la superpuissance qui doute d’elle-même”

Un spot éclaire une scène sombre, son faisceau lumineux dessinant au sol les contours des frontières des États-Unis. Mais la star de la soirée, représentée par une silhouette du territoire américain, ne semble plus vouloir rester sous les feux de la rampe.

Pour son premier numéro de l’année 2024, le magazine spécialisé dans les relations internationales Foreign Affairs choisit de faire la part belle à une analyse du célèbre chroniqueur Fareed Zakaria. Ce dernier signe un article intitulé The Self-Doubting Superpower [“La Superpuissance qui doute d’elle-même”], titre figurant également en couverture de cette édition.

L’opinion exprimée par Fareed Zakaria apparaît plus explicitement en sous-titre : “Les États-Unis ne doivent pas laisser tomber le monde qu’ils ont construit”. Pour l’éditorialiste, un sentiment de déclassement a proliféré chez les Américains ces dernières années, présumant une perte d’influence des États-Unis au niveau mondial. Cette idée a été confortée par la teneur des discours politiques devenus dominants : Donald Trump a insisté sur ‘l’état déplorable’ de l’économie américaine” durant sa campagne de 2017, quand Joe Biden, une fois arrivé au pouvoir, a fondé sa stratégie de gouvernement “sur l’idée que le pays faisait fausse route”.

“Les mesures économiques prises par Washington sont de plus en plus défensives, et pensées dans le but de protéger un pays supposé perdant durant ces dernières décennies.”

Décidé à battre en brèche ce poncif, Fareed Zakaria brosse un portrait des États-Unis beaucoup moins apocalyptique. Le pays dispose d’une avance technologique et industrielle confortable, s’impose comme un superproducteur d’énergie, jouit pleinement de la prééminence du dollar et bénéficie d’une démographie relativement dynamique comparée aux autres pays développés.

S’ils ne sont plus la seule puissance mondiale – comme cela était le cas à la sortie de la guerre froide –, leur force militaire et leur influence géopolitique demeurent sans pareil. Dans ce contexte, dans leur objectif d’imposer leur vision du monde, les États-Unis seraient leur propre ennemi. “Si les États-Unis, dévorés par la peur d’être en plein déclin, en venaient à ne plus assumer leur rôle moteur dans les affaires mondiales, cela créerait un vide de pouvoir dans le monde entier, qui encouragerait différents acteurs et puissances à s’engouffrer dans la brèche”, écrit le journaliste, qui conclut : “L’ordre international actuel a encore de beaux jours devant lui pour les décennies à venir, à condition que les États-Unis ne perdent pas confiance en leur propre projet.”

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