Aux États-Unis, Nancy Pelosi renonce à être cheffe des démocrates au Congrès

La présidente sortante de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi (C), démocrate de Californie, prend la parole dans la salle de la Chambre au Capitole américain à Washington, DC, le 17 novembre 2022. - Mme Pelosi, 82 ans, première femme à présider la Chambre des représentants, a déclaré jeudi qu’elle quittera la direction du parti lorsque les républicains prendront le contrôle de la Chambre en janvier 2023. « Pour moi, l’heure est venue pour une nouvelle génération de diriger le caucus démocrate que je respecte si profondément », a déclaré Mme Pelosi, qui est devenue présidente pour la première fois en 2007. (Photo : OLIVIER DOULIERY / AFP)

ÉTATS-UNIS - Elle ne briguera pas la direction démocrate du nouveau Congrès. Nancy Pelosi, grande figure de la politique américaine, a annoncé ce jeudi 17 novembre renoncer à assumer son poste de cheffe démocrate de la Chambre des représentants dans la future assemblée, où les républicains ont obtenu la majorité.

« Je ne vais pas me représenter à la direction démocrate du prochain Congrès », a déclaré la femme de 82 ans lors d’un discours prononcé dans l’hémicycle, disant vouloir laisser place à « une nouvelle génération »

Hommage de Joe Biden

Le président Joe Biden lui a immédiatement rendu hommage, saluant en elle une « fervente défenseure de la démocratie ». Nancy Pelosi est la « présidente de la Chambre des représentants la plus importante de notre histoire », a-t-il encore assuré dans un communiqué.

Sous les applaudissements, elle a évoqué les souvenirs de ses 35 ans passés à la Chambre, qu’elle a vu évoluer pour être « plus représentative de notre belle nation ». Elle a aussi parlé des moments plus sombres, comme l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021. « En effet, la démocratie américaine est majestueuse, mais elle est fragile », a-t-elle prévenu.

La première femme à occuper le perchoir de la chambre basse a maintenu jusqu’au bout le suspense sur son retrait, emportant chez elle deux versions différentes de son discours. Elle continuera à siéger à la chambre, comme simple élue de Californie.

L’agression de son mari

Troisième personnage de l’État américain, elle est connue pour son rôle de première opposante à Donald Trump, qu’elle a farouchement combattu lorsqu’il occupait la Maison Blanche. Tacticienne douée d’un flair politique hors pair, elle a souvent fait la pluie et le beau temps sur la colline du Capitole où elle a été élue « speaker » dès 2007.

Ces derniers mois, c’est son engagement en faveur de Taïwan qui a beaucoup fait parler : sa visite sur l’île revendiquée par les autorités chinoises, cet été, avait provoqué la colère de Pékin.

Fin octobre, son mari Paul a été attaqué en pleine nuit à leur domicile en Californie par un homme armé d’un marteau. Il cherchait en fait Nancy Pelosi, qu’il accusait de mentir et à qui il comptait « briser les rotules ». Le drame a marqué la démocrate, qui s’était dite « traumatisée ». Au début de son discours, elle a d’ailleurs eu un mot pour son mari, « partenaire bien-aimé » et « soutien ».

Le Congrès divisé

Juste avant les élections du 8 novembre, elle avait confié que l’attaque influencerait sa décision de prendre sa retraite ou pas, si les démocrates perdaient leur majorité à la Chambre des représentants.

C’est ce qui s’est passé mercredi soir, au terme d’une semaine d’un dépouillement à suspense comme le complexe système électoral américain sait le créer. Au final, les républicains se sont emparés d’une majorité d’au moins 218 sièges qui, bien que très courte, leur donnera un pouvoir de blocage sur la politique de Joe Biden jusqu’en 2024.

Le Congrès se retrouve donc divisé, les démocrates étant parvenus à conserver le contrôle du Sénat. Même avec une mince majorité à la Chambre, les républicains disposeront d’un pouvoir conséquent en matière d’inspection, qu’ils ont promis d’utiliser pour une kyrielle d’investigations sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou du retrait d’Afghanistan.

La droite pourrait en outre se montrer plus sourcilleuse quant à l’aide apportée par Washington à l’Ukraine. Elle avait aussi prévu de s’attaquer au droit à l’avortement ou de légiférer sur les armes à feu, ce qui aurait poussé Joe Biden à faire usage de son droit de veto.

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