États-Unis : Des mails de l’armée américaine arrivent au Mali à cause d’une faute de frappe

À cause d’une faute de frappe, des milliers de courriels confidentiels de l’armée américaine arrivent au Mali. (photo d’illustration)
À cause d’une faute de frappe, des milliers de courriels confidentiels de l’armée américaine arrivent au Mali. (photo d’illustration)

ÉTATS-UNIS - Une banale faute de frappe, multipliée dans le temps. Des millions de courriels de l’armée américaine ont été détournés vers le Mali à la suite d’une « fuite de typographie », annonce le Financial Times ce lundi 17 juillet.

Cette erreur a notamment permis de révéler des informations très sensibles comme des documents diplomatiques, des déclarations d’impôts, des mots de passe ou des informations sur des déplacements d’officiers de haut rang.

La faute de frappe en question est répétée depuis une dizaine d’années au sein de l’administration de l’armée américaine, malgré plusieurs avertissements. Un flux constant de courriels continuent en effet d’être acheminés vers le domaine .ml, l’identifiant internet du Mali, après des erreurs de frappe sur le domaine .mil, le suffixe de toutes les adresses électroniques de l’armée américaine.

Ce problème a été identifié pour la première fois il y a près de dix ans par Johannes Zuurbier, un entrepreneur néerlandais, qui avait signé un contrat pour gérer le domaine national du Mali.

Depuis le début de l’année, l’homme collecte tous les courriers électroniques détournés afin de persuader les États-Unis de prendre le problème très au sérieux. Selon le Financial Times, il en détient près de... 117 000, dont près d’un millier arrivés au cours de la seule journée du mercredi 12 juillet.

Johannes Zuurbier a même envoyé une lettre au début du mois à Washington pour signifier que ce « risque est réel et pourrait être exploité par des adversaires des États-Unis ».

Encore plus depuis ce lundi 17 juillet : le contrôle du domaine .ml est désormais passé sous contrôle du gouvernement malien, un pays étroitement allié à la Russie, après l’expiration du contrat de gestion de 10 ans de l’entrepreneur néerlandais.

Listes d’équipage pour les navires et enquêtes internes sur les brimades

La plupart des courriers électroniques sont des spams et aucun n’est classé secret-défense. Mais certains messages contiennent des données très sensibles sur le personnel militaire américain en service, les sous-traitants et leurs familles.

Ils contiennent ainsi des radiographies et des données médicales, des informations sur les documents d’identité, des listes d’équipage pour les navires, des listes de personnel dans les bases, des cartes des installations, des photos des bases, des rapports d’inspection navale, des contrats, des plaintes pénales contre le personnel, des enquêtes internes sur les brimades, des itinéraires de voyage officiels, des réservations ou encore des dossiers fiscaux et financiers.

Selon le lieutenant-colonel Tim Gorman, porte-parole du Pentagone, le ministère de la Défense « est conscient de ce problème et prend au sérieux toutes les divulgations non autorisées d’informations contrôlées relatives à la sécurité nationale ou d’informations contrôlées non classifiées ».

Il précise que les courriels envoyés directement du domaine .mil à des adresses maliennes sont bloqués avant qu’ils ne quittent le domaine .mil, et l’expéditeur est informé qu’il doit valider les adresses électroniques des destinataires.

Mike Rogers, un amiral américain à la retraite qui a dirigé l’Agence nationale de sécurité et le Commandement cybernétique de l’armée américaine, a aussi été interrogé par le Financial Times. « Si vous avez ce type d’accès durable, vous pouvez générer des renseignements, même à partir d’informations non classifiées », analyse-t-il.

« Ce n’est pas rare », ajoute-t-il. « Il n’est pas anormal que des personnes commettent des erreurs, mais la question est celle de l’ampleur, de la durée et de la sensibilité des informations. »

Mike Rogers avertit que le transfert du contrôle au Mali ce lundi posait désormais un problème important. « C’est une chose de traiter avec un administrateur de domaine qui essaie, même en vain, d’exprimer ses préoccupations », estime l’ancien amiral. « C’en est une autre lorsqu’il s’agit d’un gouvernement étranger qui y voit un avantage qu’il peut utiliser »...

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