Aux États-Unis, pour bloquer l’accès à l’avortement dans l’armée, ce républicain gèle 200 nominations militaires

Pour forcer le Pentagone a abandonner sa politique d’accès à l’avortement pour ses soldates, le sénateur républicain Tommy Tuberville bloque les promotions des militaires.
Pour forcer le Pentagone a abandonner sa politique d’accès à l’avortement pour ses soldates, le sénateur républicain Tommy Tuberville bloque les promotions des militaires.

ÉTATS-UNIS - Du chantage en bonne et due forme. L’ancien coach de football américain devenu sénateur républicain de l’Alabama Tommy Tuberville a trouvé une nouvelle manière de s’opposer à l’avortement, au point de cultiver désormais l’espoir de renverser la politique du Pentagone, le ministère de la Défense aux États-Unis. Depuis février, le parlementaire a en effet bloqué à lui seul des dizaines de promotions de généraux et d’amiraux de haut rang. Selon son entourage, il aurait ainsi empêché l’approbation de plus de 200 nominations.

Et son message est clair : il continuera ainsi jusqu’à ce que l’armée revienne sur sa politique d’aide aux soldates pour avorter. Les membres de l’armée ont en effet droit à un remboursement de leurs frais de déplacement lors d’un avortement, ainsi qu’à des congés spéciaux.

Si le Sénat peut quand même approuver les nominations au cas pas cas en assemblée plénière, l’attitude de Tommy Tuberville, qui est membre de la commission des forces armées, empêche de les entériner directement et de façon groupée. Ce qui implique de fait des lenteurs politiques et administratives, et un embouteillage au Sénat.

« Un degré inutile et sans précédent de risque » pour l’armée

Élu de l’Alabama, État très conservateur du sud des États-Unis, Tommy Tuberville juge illicite la politique du Pentagone par rapport à l’avortement. À l’inverse, pour le ministre de la Défense Lloyd Austin, elle se fonde sur de soldes bases légales. En outre, le ministre répond au sénateur que retarder l’entrée en fonction de ces hauts responsables militaires « met en péril la sécurité nationale de l’Amérique et entrave les opérations normales du Pentagone. »

Il n’en reste pas moins que le blocage généralisé pose problème, alors que le mandat du commandant du corps des Marines américains arrive à son terme lundi et qu’aucun successeur n’a été désigné. Le général David Berger sera donc remplacé par intérim par son adjoint, le général Eric Smith. Pour Colin Smith, expert sur les questions de défense au sein du cercle de réflexion Rand, qui conseille l’armée américaine, le général Smith va devoir « assumer une double casquette », cumulant son rôle actuel avec celui de commandant par intérim.

Et d’autres hauts responsables militaires doivent quitter leur poste dans les prochains mois, parmi lesquels le chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, ou encore le chef des opérations navales, l’amiral Mike Gilday. « Sans ces dirigeants en place, les forces militaires américaines subiront un degré inutile et sans précédent de risque, au moment où nos adversaires pourraient mettre à l’épreuve notre détermination », mettait déjà en garde début mai le ministre Lloyd Austin dans une lettre à la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

L’élu s’obstine et réclame le retrait de la directive du Pentagone

Surtout, la manœuvre de blocage menée par Tommy Tuberville marque une étape supplémentaire dans l’offensive conservatrice qui a cours outre-Atlantique contre les droits des femmes.

En juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a annulé la garantie constitutionnelle du droit des Américaines à avorter, laissant le choix à chaque État de légiférer sur la question. Certaines soldates, installées dans les États où l’avortement est désormais illégal dans la plupart des situations, doivent donc se rendre dans des États où la procédure est toujours légale.

En réponse à la décision de la haute cour, Lloyd Austin a émis une directive afin que le Pentagone mette en place des mesures d’aide à l’avortement de ses membres. Une décision vivement dénoncée par Tommy Tuberville, qui y voit un « projet radical visant à faciliter des milliers d’avortements chaque année grâce à l’argent du contribuable », raison pour laquelle il bloque les nominations au Sénat.

Selon lui, ce blocage « n’a aucun effet » sur le degré de préparation opérationnelle des forces armées américaines. L’élu de l’Alabama a d’ailleurs déjà prévenu que sa position demeurerait inchangée « jusqu’à ce que le Pentagone respecte la loi ou change la loi ». « C’est aussi simple que cela » s’obstine le parlementaire de 68 ans.

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