Les États-Unis à “l’aube de l’ère de l’induction”

C’est un homme préhistorique déconcerté face à un aimant qui apparaît en une de l’édition américaine de Bloomberg Businessweek datée du 13 mars. “Les Américains renonceront-ils à leurs chères gazinières au profit d’une technologie plus efficace et sans flammes ?”

En janvier, les médias américains ont observé avec amusement les prémices d’une bataille idéologique inattendue. Alors que des “dizaines de villes et de comtés ont interdit le gaz dans les nouvelles constructions”, des élus démocrates ont proposé d’aider les foyers les plus modestes à remplacer leurs gazinières par des équipements électriques. En cause, plusieurs études démontrant l’impact de la cuisine au gaz sur l’environnement et la santé publique.

Une “croisade antigaz” à laquelle ont répondu les conservateurs. “Dieu. Les armes. La cuisine au gaz”, écrivait sur Twitter un élu républicain de l’Ohio. Car les gazinières sont “un élément clé de près de 40 % des cuisines américaines”, une composante de l’American way of life, note Bloomberg.

“Dans presque tous les concours de cuisine à la télé, on voit des chefs concocter frénétiquement leurs plats sur des gazinières”, observe le magazine. Le gaz “a quelque chose de sexy”, résume une spécialiste du placement de produits. “Le gaz l’emporte en matière d’expérience utilisateur”, poursuit un entrepreneur de la Silicon Valley.

“En dépit de sa grande popularité dans certaines régions d’Europe et d’Asie, [l’induction] ne s’est assuré que moins de 5 % du marché américain. […] La plupart des consommateurs américains ne savent pratiquement pas ce que c’est. […] En général, ils sont incapables de faire la différence entre l’induction et les cuisinières électriques classiques.”

À titre d’exemple, Bloomberg cite l’Allemagne, “où, aujourd’hui, moins de 3 % des gens cuisinent au gaz, d’après Eurostat”.

Selon le journal, les plaques à induction sont plus économiques, plus sûres, moins polluantes, et pour la plupart plus efficaces que les gazinières. Alors, au-delà de la force des habitudes, qu’est-ce qui bloque leur diffusion aux États-Unis ? Bloomberg évoque pêle-mêle le secteur du BTP, peu enclin à changer ses pratiques, le prix du gaz, “actuellement moins cher que l’électricité dans beaucoup de régions”, et le lobbying de l’industrie, passant notamment par l’emploi d’influenceurs regroupés derrière le mot-clé #cookingwithgas.

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