En Équateur, après l’évasion de Fito l’ennemi public n° 1, état d’urgence et panique générale

L’armée est  autorisée à opérer dans toutes les rues et les prisons de l’Equateur après l’instauration de l’état d’urgence le 8 janvier 2024
RODRIGO BUENDIA / AFP L’armée est autorisée à opérer dans toutes les rues et les prisons de l’Equateur après l’instauration de l’état d’urgence le 8 janvier 2024

PRISON - Comme un sentiment de panique. En Équateur, l’état d’urgence a été décrété ce lundi 8 janvier par le président Daniel Noboa, après l’évasion de la prison de Guayaquil (Sud-Ouest) de l’ennemi public numéro 1, Adolfo Macias, alias « Fito », chef des « Choneros ». Ce gang criminel d’environ 8 000 hommes, le plus grand du pays, est selon les experts devenu le principal acteur du narcotrafic florissant en Équateur.

Daniel Noboa a décrété l’état d’urgence pendant 60 jours sur l’ensemble du pays, y compris dans les prisons, avec un couvre-feu entre 23H00 et 05H00 heure locale (04H00 et 10H00 GMT). L’armée est ainsi autorisée à opérer dans toutes les rues et les prisons du pays.

Dans la foulée de ces annonces, des soulèvements ont eu lieu dans des prisons et la police a rapporté des violences dans la province d’Esmeraldas (Nord-Ouest), contrôlée par des gangs. Des individus ont lancé un engin explosif près d’un commissariat, a-t-elle indiqué, et deux véhicules ont été incendiés, sans faire de victimes.

L’armée autorisée à intervenir

Au moins quatre policiers ont été enlevés, dont trois qui étaient en service dans la ville côtière de Machala (Sud-Ouest), durant la nuit de lundi à mardi. Le quatrième policier a été kidnappé à Quito, la capitale, par trois individus à bord d’« un véhicule aux vitres teintées et sans plaques ».

Des images publiées sur les réseaux sociaux, qui n’ont pu être vérifiées, ont aussi montré des gardiens retenus sous la menace de couteaux par des hommes cagoulés, suppliant le gouvernement « d’agir avec prudence » et de « ne pas envoyer de troupes dans les prisons ».

Des vidéos diffusées par les forces armées montrent plus tard des détenus allongés dans la cour de prisons, les mains sur la tête. L’administration pénitentiaire (SNAI) a indiqué que personne n’avait été blessé à la suite de ces « incidents ».

À Quito, la police a fait état de l’explosion d’une voiture dans le Sud de la ville ainsi que d’un engin sous un pont piétonnier Des policiers et des militaires ont pénétré lourdement armés dans plusieurs prisons du pays, notamment celles où des gardiens ont été séquestrés.

Les prisons sont le théâtre de massacres récurrents entre bandes rivales. Depuis février 2021, il y a eu au moins une douzaine de massacres qui ont fait plus de 460 morts parmi les détenus.

Fito, un habitué de la fuite

De son côté, le parquet général a émis des accusations à l’encontre de deux fonctionnaires pénitentiaires « impliqués dans la fuite » d’Adolfo Macias. Dimanche, le chef de la police avait reconnu devant la presse qu’il était « introuvable à l’endroit où il aurait dû se trouver », une cellule de haute sécurité du pénitencier de la ville portuaire.

 Adolfo Macias, alias « Fito », chef des « Choneros » ici photographié lors d’un transfert de prison  le 12 août 2023
- / AFP Adolfo Macias, alias « Fito », chef des « Choneros » ici photographié lors d’un transfert de prison le 12 août 2023

Arborant une large barbe, « Fito », réputé très charismatique, a suivi des études de droit en prison jusqu’à obtenir son diplôme d’avocat. Une chanson à sa gloire par un groupe mexicain, avec clip vidéo et images filmées dans sa cellule, a récemment été diffusée sur les réseaux sociaux.

Son nom a fait la Une de la presse ces derniers mois après l’assassinat début août de l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle. Adolfo Macias s’est enfui alors qu’il purgeait depuis 2011 une peine de 34 ans de prison pour crime organisé, trafic de drogue et meurtre. Il s’était déjà évadé en 2013 avec d’autres prisonniers d’une prison de haute sécurité et avait été repris trois mois après.

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