Émeutes : « Les Misérables », « Tsunami », quand la fiction française prophétise le chaos

César du meilleur film en 2020, « Les Misérables » de Ladj Ly démontrait l'impossible dialogue entre forces de l'ordre et jeunes de banlieue.  - Credit:SRAB FILMS - RECTANGLE PRODUCTIO / Collection ChristopheL via AFP
César du meilleur film en 2020, « Les Misérables » de Ladj Ly démontrait l'impossible dialogue entre forces de l'ordre et jeunes de banlieue. - Credit:SRAB FILMS - RECTANGLE PRODUCTIO / Collection ChristopheL via AFP

Romanciers et cinéastes auraient-ils un sixième sens ? À voir aujourd'hui une partie de la jeunesse s'embraser à la suite de la mort du jeune Nahel, provoquant des scènes sidérantes de chaos, on est tenté de croire que oui, tant ces images évoquent certains romans ou films sortis tout récemment.

Qu'ils cherchent à extraire la jeunesse des quartiers de la caricature, comme s'y emploie Diaty Diallo (qui a frôlé le Goncourt), interrogent le parcours des repris de justice issus de l'immigration, comme le font Mathieu Palain et son œil très journalistique, se glissent dans la peau d'un président dirigeant une France au bord de la guerre civile, tel le romancier Marc Dugain, ou mettent en littérature le mal-être d'une banlieue hautement inflammable comme le fait le slameur Rouda, plusieurs écrivains ont récemment pris le pouls d'une République à deux doigts de l'émeute.

À LIRE AUSSIMort de Nahel : au tribunal, des émeutiers plaident la « bêtise » et « l'euphorie » Quant aux cinéastes, eux aussi ils ont imprégné nos rétines d'images de véhicules en feu, de CRS en armures, de jeunes brandissant des projectiles et de rues rendues aux casseurs. Ce qui pouvait ressembler à un fantasme de créateur a désormais des airs de sordide prophétie. Mais on peut, en s'y penchant, y décrypter les raisons de la colère. Excuser ? Non. Mais s'approcher de réalités qui sont inconnues du plus grand nombre, vivre, grâce à la fiction, auprès de personnages qui pourraient un jour mettre l [...] Lire la suite