Émeutes : la France entre dans le Moyen Âge

La barbarie des émeutes est moins la cause que la conséquence d’un retrait du monde civilisé.  - Credit:AMAURY CORNU / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La barbarie des émeutes est moins la cause que la conséquence d’un retrait du monde civilisé. - Credit:AMAURY CORNU / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

À propos des individus comme à propos des pays, la stabilité n'existe pas. Point de salut entre la progression et la régression. La barbarie des émeutes est moins la cause que la conséquence d'un retrait du monde civilisé. Oui, le monde d'Emmanuel Macron croise celui de Philippe le Bel, hélas dans le mauvais sens.

La violence n'est pas typique de la modernité. La France a connu, sans distinction d'époque, de régime ni même parfois de contexte économique, des élans de brutalisation. La guerre de Cent Ans, les guerres de religion, la Fronde, la Révolution ont vu les Français se haïr, s'armer, se tuer. Avec rage, sans retenue ni mesure, parfois dans la gaieté et toujours avec la conviction de devoir aller au bout. Notre époque est-elle comparable ? L'avenir le dira. En revanche, il est certain que les effusions de violence ne traduisent pas seulement l'envie de se battre.

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Les émeutes de ces derniers jours sont le révélateur de phénomènes observés depuis des années, à commencer par la disparition non pas de l'autorité de l'État – on pourrait au moins la rétablir –, mais de l'État tout court. Dans son dernier essai, Jacques Krynen s'est intéressé au règne de Philippe le Bel, ce roi dévot connu pour avoir défié le pape et éradiqué l'ordre des Templiers. Pour l'historien, le petit-fils de saint Louis a aussi posé les fondations d'une administration moderne, laquelle permettra à la France de devenir, avec l'A [...] Lire la suite