Élisabeth II, le fantôme du rock anglais

“Elle a été traitée de fasciste, de parasite et de jolie fille qui n’a pas grand-chose à dire. Toutes les chansons pop sur la reine sont-elles déloyales ?” s’interrogeait The Guardian en juin, à l’occasion du jubilé de platine d’Élisabeth II. Au long de ses soixante-dix ans de règne, la souveraine britannique (qui disait être fan de Cliff Richard et du Dancing Queen d’Abba) a vécu toutes les révolutions musicales du Royaume-Uni sans pour autant voir beaucoup de chansons mettre en scène sa figure de mère du royaume, s’étonne le quotidien britannique – contrairement à Margaret Thatcher, grande figure répulsive du rock des années 1980.

“Les auteurs de chansons reconnaissent le paradoxe fondamental de la reine : elle est la femme la plus connue du monde et reste pourtant totalement inconnue. L’absence de toute compréhension profonde de la personne qu’elle est réellement a laissé place à l’imagination et aux rêves, avance le journaliste Dorian Lynskey. La plus grande de ces fantasmagories est The Queen Is Dead [“La reine est morte”], le chef-d’œuvre des Smiths. Dans cette chanson insondable, étrange et, à sa manière, majestueuse, ce n’est pas seulement la monarque qui est morte, ‘la tête en écharpe’, mais le pays tout entier, avec ses ‘marais sans joie’ et son odeur de pourriture.”

Mais le titre qui a évidemment marqué les esprits, c’est le God Save the Queen des Sex Pistols, en 1977, joué en live depuis une péniche sur la Tamise, en plein jubilé, et bientôt arrêté par la police. “La décision des Sex Pistols d’enregistrer et de sortir leur diatribe antimonarchique au moment du jubilé fut la plus brillante provocation d’une carrière qui a consisté en presque rien sinon de brillantes provocations”, tacle The Guardian.

Le journal estime d’ailleurs que cet hymne punk est plus dirigé contre les institutions que contre la reine. Glen Matlock, le premier bassiste du groupe, ne le démentira pas, lui qui twittait à l’annonce de la mort d’Elisabeth II : “God save the king – j’espère que ce n’est pas un vieux fou.”

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :