Élections américaines: la longue chute de Ron DeSantis dans sa course à la Maison Blanche

Humilié quotidiennement par Donald Trump pendant des mois, Ron DeSantis a décidé de soutenir l'ancien locataire de la Maison Blanche pour l'élection présidentielle 2024. Dans une vidéo publiée sur X ce dimanche 21 janvier, le gouverneur de Floride a annoncé "suspendre [sa] campagne" à l'investiture républicaine.

"Il est clair selon moi que la majorité des électeurs républicains de la primaire veulent donner une autre chance à Donald Trump", a-t-il justifié.

C'est sept mois plus tôt, le 24 mai 2023, sur le même réseau social, que ce républicain ultraconservateur en guerre contre le "wokisme" avait annoncé défier l'ancien président des États-Unis. Ron DeSantis promettait alors de mener "le grand retour de l'Amérique".

Une alternative crédible à Trump...

Élu en 2018 grâce au soutien de Donald Trump et réélu triomphalement quatre ans plus tard, le gouverneur de Floride bénéficiait d'une situation presque idéale. Fin 2022, les élections de mi-mandat, les premières depuis la fin du mandat du Républicain à la Maison Blanche, avaient été une déception pour le Parti républicain.

Certes, le "Great Old Party" (GOP) reprenait la majorité au sein de la Chambre des représentants, mais le Sénat restait sous le contrôle des démocrates. Une contre-performance électorale que beaucoup jugeaient comme une défaite personnelle de Donald Trump. Elle laissait entrevoir une possibilité pour la nouvelle garde incarnée par DeSantis de prendre le contrôle du Parti Républicain.

Sur le plan judiciaire aussi, Ron DeSantis bénéficiait d'un avantage. Contrairement à l'ancien président des États-Unis, il n'était pas empêtré dans les affaires.

...qui a tourné au fiasco

Mais la base de Donald Trump lui est restée fidèle. Dans les sondages, le gouverneur de Floride a un temps été vu comme son concurrent le plus sérieux, avec un peu plus de 30% des intentions de vote pour les primaires du GOP au printemps 2023.

Le retard avec l'ancien président, une quinzaine de points, semblait alors surmontable. Mais Ron DeSantis n'a fait que chuter. Au point de limoger sa directrice de campagne en août 2023, quand il était distancé de 40 points par le septuagénaire dans les enquêtes d'opinion.

Ron DeSantis s'est fait un nom à l'échelle nationale pendant la pandémie de Covid-19 avec un discours hostile aux mesures sanitaires. Il espérait séduire l'Amérique tout entière avec ses prises de position choc sur l'immigration, l'avortement ou les questions LGBT+.

Mais en prenant la posture d'un "Trump 2.0", Ron DeSantis ne s'est jamais bâti la stature d'une alternative crédible au milliardaire. Au point de soutenir l'ancien président des États-Unis, quand celui-ci a été inculpé en mars 2023.

De son côté, loin devant dans les sondages, Donald Trump n'a jamais pris le gouverneur du "Sunshine State" au sérieux. Dénonçant "les trahisons" de son rival, l'ancien président a remplacé pendant des mois le nom de Ron DeSantis dans ses discours par "Meatball Ron" ou "Ron DeSanctimonius". Soit, dans la langue de Molière: "Ron la Boulette" ou "Ron l'Hypocrite".

Échec dans l'Iowa

Le retrait du gouverneur de Floride, en chute libre dans les sondages et talonné par Nikki Haley ces dernières semaines, était attendu. Sa timide deuxième place lors du caucus de l'Iowa, premier round des primaires du Parti républicain, a confirmé qu'il n'était pas en mesure de prendre le dessus sur Donald Trump.

Son manque de charisme a également été critiqué ces derniers mois. Symbole de son échec: début janvier dans l'Iowa, un humoriste l'avait "trollé" en lui remettant "un trophée de la participation". Il était aussi régulièrement moqué pour sa démarche étrange et ses grandes bottes, synonymes pour ses détracteurs de réhausseurs.

En mai 2023, le premier événement de campagne organisé par le gouverneur de Floride laissait présager ce long chemin de croix. Le "space Twitter" organisé avec Elon Musk tournait au fiasco, suscitant les railleries au sein du Parti républicain et surtout du côté de l'équipe de campagne de Joe Biden.

C'est sur le même réseau social qu'il a annoncé son retrait ce dimanche, en reprenant une citation attribuée à Churchill.... mais que l'ancien Premier ministre britannique n'a jamais prononcé.

La veille, sur son compte, il écrivait: "'Vivre libre ou mourir' est la devise que j'ai suivie en Floride et c'est l'état d'esprit que j'apporterai à la Maison Blanche en tant que président".

Article original publié sur BFMTV.com