Écosse : mais qui est le « clown de Skelmorlie », qui amuse et terrifie le petit village ?
ROYAUME-UNI - Skelmorlie est un petit village paisible de 2 000 âmes, niché au bord de l’eau dans le sud-ouest de l’Écosse. Situé à une cinquantaine de kilomètres de Glasgow, il ne fait pas partie des incontournables des guides de voyage mais possède quelques charmes, comme son château du 16e siècle ou son golf avec vue sur l’estuaire du Firth of Clyde.
Mais il doit désormais s’habituer à sa nouvelle attraction : un clown effrayant – dont le costume rappelle le célèbre personnage de Ça, le roman de Stephen King adapté à l’écran – qui déambule dans les rues la nuit et lance des (gentils) défis aux habitants. Aperçu pour la première fois en 2021, il a fait son retour cette année, le vendredi 13 octobre, à quelques semaines d’Halloween.
Ce jour-là, Isy Agnew découvre une petite boîte accrochée à un ballon rouge devant la porte de sa maison. Dans la boîte se trouve une clé. L’un des indices d’une chasse au trésor dans laquelle elle décide, amusée, de se lancer avec d’autres habitants. « J’ai été “visitée” ! », se réjouit-elle sur le groupe Facebook du village, en postant des photos de la boîte. « Oh mon dieu, “Ça” sait où j’habite ! », écrit une autre, qui a également reçu un indice devant chez elle.
L’ouverture de plusieurs boîtes rouges identiques mène les habitants de Skelmorlie à une petite caisse à monnaie noire déposée dans le jardin partagé du village. À l’intérieur, pas de trésor mais leur propre reflet renvoyé par un miroir sur lequel est écrit, en lettres rouges : « clown ».
« Intelligent, malin, et inclusif », applaudit Isy Agnew, interrogée par Sky News.
Situation amoureuse : « c’est compliqué »
Officiellement, personne ne sait qui se cache derrière le « clown de Skelmorlie », comme il est désormais appelé. Son compte Facebook a été créé en 2021 sous le nom de Cole Deimos. « C’est clairement un genre d’anagramme », pense savoir une journaliste de la chaîne GB News. « Dans la mythologie grecque, Déimos est la personnification de la peur », note de son côté Wales Online.
Sur son profil, le clown dit être né à Hell (« enfer » en anglais), une localité bien réelle, située dans le Michigan. Avoir étudié au lycée Hellgate (« porte de l’enfer ») puis à la « clown school ». Travail : « indépendant ». Situation amoureuse : « c’est compliqué ». Auprès de Sky News, il décrit le jardin partagé, dernière étape de sa chasse au trésor, comme un « endroit populaire, au cœur du village, où (il se) cache la journée ». Y est-il un employé ?
Même si les villageois qui connaissent son identité « ont jusque-là la bouche bien fermée », selon Sky News, sa page Facebook cache deux indices. D’abord, le clown ne joue pas seul, d’après les vidéos qu’il poste, dans lesquelles il est filmé par une caméra mobile. Ensuite… le clown est bien écossais.
Le « clown de Skelmorlie » nargue la police et les médias
Sans cacher son accent mais en modifiant sa voix, il envoyait le 22 octobre, à coups de rimes, un « message à la Nation » pour annoncer son nouveau « jeu » : demander aux Écossais de se prendre en photo « avec (leur) expression la plus effrayée » devant des endroits clés, et de poster les clichés sur les réseaux sociaux sous le mot-clé « #Skelmorlieclown ». « Le Loch Ness où vit notre Nessie (...), le château d’Edimbourg où les rois et reines se rencontraient (...) ou les pierres levées de Calanais… Tous ces points de repère, d’ouest en est, composent ce pays que nous savons le meilleur », explique-t-il dans la vidéo, sur fond de musique digne d’un film d’horreur.
Interrogé par une journaliste d’ITV – qui assure ne toujours pas connaître son identité –, le clown explique qu’il « invente des jeux, généralement sur un thème effrayant, en rapport avec Halloween. Le village doit s’unir pour résoudre l’énigme en un temps imparti ». S’ils perdent, « plus de jeu, plus d’amusement », lâche-t-il, toujours en rimes.
Rien de bien méchant, donc, et la plupart des habitants s’amusent de ce personnage. « Mes enfants meurent d’envie de le croiser », peut-on ainsi lire sur Facebook. Mais ses mises en scène ne font pas rire tout le village.
« Qui que ce soit, il fait peur à tout le monde, il doit être arrêté, regrette un habitant, interrogé par le Daily Record, un tabloïd écossais. Il pourrait provoquer un arrêt cardiaque. Un garçon a dit qu’il avait vu le clown depuis la fenêtre de sa chambre juste avant de se coucher. Il n’a pas dormi de la nuit. » Selon la presse britannique, la police est au courant de l’affaire mais n’a reçu aucune plainte.
De son côté, le clown a choisi de narguer les autorités… et les médias qui tenteraient de le faire passer pour un dangereux semeur de trouble. « La police a été informée. Pensez-vous que cela m’inquiète ? Il faudrait d’abord qu’elle m’attrape », dit-il dans une vidéo postée le 12 octobre. « Vous m’appelez le “clown tueur”. Pourquoi ne me laissez-vous pas m’occuper des blagues ? La seule chose qui meurt, c’est votre crédibilité » lance-t-il, avant de conclure : « Ce clown ne veut pas la célébrité, la gloire ou l’argent. Il veut juste jouer, dans cette soi-disant “ville endormie” ».
À voir également sur Le HuffPost :
Contre la douleur, écouter sa chanson préférée est « aussi efficace qu’un Advil », selon cette étude