À Taïwan, qui est Lai Ching-te, le nouveau président craint par Pékin ?

Le vice-président sortant Lai Ching-te est crédité de 41,6% des voix, selon ces résultats officiels portant sur plus de 60% des bureaux de vote.
YASUYOSHI CHIBA / AFP Le vice-président sortant Lai Ching-te est crédité de 41,6% des voix, selon ces résultats officiels portant sur plus de 60% des bureaux de vote.

POLITIQUE - Au grand dam de Pékin, le vainqueur se décrit comme un « artisan pragmatique de l’indépendance de Taïwan ». C’est le candidat du Parti démocrate progressiste (DPP), Lai Ching-te, décrié par la Chine comme un « grave danger » en raison de ses positions en faveur de l’indépendance, qui a remporté ce samedi 13 janvier la présidentielle à Taïwan. Il est crédité de 40,2 % des voix, selon des résultats officiels portant sur plus de 98 % des bureaux de vote.

Taïwan élit son nouveau président sous la menace de la Chine

« Je veux remercier le peuple taïwanais pour avoir écrit un nouveau chapitre dans notre démocratie », a-t-il déclaré dans un discours après sa victoire. « Le peuple taïwanais a résisté avec succès aux efforts des forces extérieures pour influencer cette élection », a-t-il ajouté face à ses partisans. La Chine avait appelé les électeurs à faire « le bon choix », son armée promettant d’« écraser » toute velléité d’« indépendance ».

« Déterminé à protéger Taïwan des menaces » chinoises

Plus encore, toute la semaine, Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire. Jeudi, cinq ballons chinois ont franchi la ligne médiane séparant l’île autonome de la Chine, selon le ministère taïwanais de la Défense, qui a aussi repéré dix avions et six navires de guerre. Ce samedi, des journalistes de l’AFP ont observé un avion de chasse chinois au-dessus de la ville de Pingtan, la plus proche de Taïwan. Et sur le réseau social chinois Weibo, le hashtag « Election à Taïwan » a été bloqué dans la matinée.

Dans son discours, Lai Ching-te s’est dit « déterminé à protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine », promettant toutefois de « poursuivre les échanges et la coopération avec la Chine ».

L’indépendance comme combat politique

Ce fils de mineur, âgé de 64 ans, qui a étudié à Harvard aux États-Unis et a d’abord été médecin, est considéré comme une « grande menace » par Pékin. Et pour cause, Lai Ching-te a fait de l’indépendance de Taïwan le combat d’une vie. Il est d’ailleurs entré en politique en 1996, quand Pékin effectue des tirs d’essai de missiles autour de Taïwan au moment de la première élection présidentielle démocratique.

« J’ai décidé qu’il était de mon devoir de participer à la démocratie taïwanaise et d’aider à protéger cette expérience naissante de ceux qui lui voulaient du mal », avait-il témoigné l’an passé dans le Wall Street Journal.

D’abord député puis maire de Tainan, il devient ensuite Premier ministre en 2017, pour le Parti démocrate progressiste (DPP). Pékin l’a qualifié lui et sa colistière Hsiao Bi-khim, ancienne représentante de Taipei à Washington, de « dangereux duo pro-indépendance ».

Le candidat pro Pékin concède sa défaite

Lors de la campagne, Lai Ching-te a affirmé que l’élection était un choix entre « démocratie et autocratie », et a promis un soutien « inébranlable » au maintien du statu quo dans le détroit de Taïwan. Il a aussi dénoncé « le principe chinois d’’une seule Chine’ », car « la paix sans la souveraineté, c’est juste comme Hong Kong », ancienne colonie britannique où Pékin a réduit les libertés démocratiques.

Ses phrases fortes ont su séduire les Taïwanais et ont permis d’éclipser ses adversaires. Son principal opposant Hou Yu-ih, candidat du Kuomintang (KMT) qui prône un rapprochement avec Pékin, a obtenu 33,4 % des votes ce samedi. Il a concédé sa défaite. Quant au troisième candidat, Ko Wen-je, 64 ans, du petit Parti populaire taïwanais (TPP) et qui se présente comme anti-establishment, est donné troisième avec 25,3 %.

Les Taïwanais votaient aussi pour renouveler les 113 sièges du Parlement, où le DPP pourrait perdre sa majorité. Dans les quelque 18 000 bureaux de vote, chaque bulletin était brandi en hauteur et lu à voix haute par ceux chargés de dépouiller - un processus ouvert au public -, avant d’être comptabilisé. Les bureaux ont fermé à 16 h 00 (08 h 00 GMT) dans ce territoire de 23 millions d’habitants situé à 180 kilomètres des côtes chinoises et salué comme un modèle de démocratie en Asie.

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