À Sumatra, le chant des orchidées sauvages sauvées des feux de forêts

Des guirlandes d’orchidées aux teintes subtiles ornent aujourd’hui le parc forestier de Lebung Panjang Sakat [littéralement en français : “cascade aux orchidées sauvages”], dans la région de Muaro Jambi, sur l’île de Sumatra, en Indonésie. Des ornements de toute beauté cherchant à effacer l’histoire tragique qui a failli anéantir la vie de ces fleurs divines il y a sept ans.

C’était en 2015, lorsque le feu a détruit la forêt de Pematang Damar. Les jeunes du village de Jambi Tulo luttaient contre les flammes en sachant qu’il y avait là un royaume d’orchidées sauvages. Deux ans plus tôt, leur association, le Mouvement pour les orchidées sauvages de Muaro Jambi, avait demandé au gouvernement local de protéger ce paradis riche de plus de 80 espèces de ces fleurs en voie de disparition.

Au même moment, des entreprises proposaient aux autorités de défricher cette forêt pour la transformer en plantation de palmiers à huile. Les villageois s’y sont opposés, en vain. Un incendie a concrétisé ce défrichage industriel. Les jeunes n’ont alors pas hésité à grimper aux arbres, en proie aux flammes, pour récupérer les orchidées poussant sur les troncs jusqu’à leur cime. Ils les ont délicatement transplantées dans les vergers du village où poussent des dukus (Lansium domesticum), un arbre de la famille des acajous, et des durians.

Effort collectif

Des villageois ont mis à leur disposition des parcelles de leurs terres pour y constituer une forêt refuge pour les sakat [appellation locale pour les orchidées sauvages] sauvées. Adi Ismanto est l’un des jeunes sauveteurs.

“Nous avons préparé une zone de près de 5 hectares et l’avons nommée ‘le jardin aux cascades d’orchidées’.”

Au fil du temps, malgré leur extrême fragilité, certaines des orchidées menacées par le feu ont réussi à refleurir et, grâce aux soins méticuleux prodigués par les jeunes, à se reproduire. Au début de la saison des pluies, elles déploient leurs motifs, leurs couleurs et leurs parfums suaves. Il y a là des orchidées tigrées jaune et marron Grammatophyllum speciosum, mais aussi Cymbidium lancifolium, orchidées aux pétales brun et blanc. Ces dernières s’accrochent aux branches des putat (Planchonia valida), arbres pouvant atteindre 50 mètres de haut, et retombent en un rideau enchanteur.

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