Deux-Sèvres : à Sainte-Soline, des heurts violents entre les anti-bassines et les forces de l’ordre

Des manifestants, entourés de gaz lacrymogènes, affrontent des gendarmes mobiles anti-émeute lors d’une manifestation pour protester contre la construction d’une nouvelle réserve d’eau pour l’irrigation agricole, à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023.
Des manifestants, entourés de gaz lacrymogènes, affrontent des gendarmes mobiles anti-émeute lors d’une manifestation pour protester contre la construction d’une nouvelle réserve d’eau pour l’irrigation agricole, à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023.

Alors que des milliers de forces de l’ordre sont déployées à Sainte-Soline, des premiers heurts ont eu lieu avec les manifestants à partir de la mi-journée.

SAINTE-SOLINE - Il a fallu attendre la mi-journée pour que les premiers affrontements éclatent, autour de la réserve d’eau contestée en construction à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, ce samedi 25 mars.

Un long cortège avait commencé à défiler en fin de matinée, composé d’au moins 6 000 personnes selon la préfecture, « probablement un peu plus », et d’environ 25 000 selon les organisateurs - le collectif d’associations « Bassines non merci », le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.

Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés par les autorités, alors qu’« au moins un millier » d’activistes violents, « prêts à en découdre avec les forces de l’ordre », participent au rassemblement.

La manifestation, interdite comme la dernière qui avait donné lieu à des affrontements à l’automne, a convergé vers la « bassine » de Sainte-Soline, surnom donné par leurs adversaires à des réserves d’eau en construction dans la région pour l’irrigation agricole.

« Le but, c’est d’approcher et d’encercler la bassine pour faire stopper le chantier », a affirmé un membre des Soulèvements de la Terre au départ du cortège qui s’est ensuite scindé en plusieurs groupes à cette fin.

À l’approche du chantier, les affrontements ont éclaté rapidement entre forces de l’ordre et militants radicaux, avec des jets de projectiles et des tirs de mortier auxquels policiers et gendarmes ont riposté avec des gaz lacrymogènes et le canon à eau. Des véhicules de police ont aussi été filmés en train de brûler (voir les images ci-dessous).

Des forces de l’ordre sur des quads lors des affrontements avec les manifestants à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023.
Des forces de l’ordre sur des quads lors des affrontements avec les manifestants à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le 25 mars 2023.

« Insupportable » pour Gérald Darmanin

Le mouvement Les Soulèvements de la Terre a annoncé sur Twitter vers 14h qu’il y a « plusieurs blessés graves côté manifestants » et que « la police (les) empêche d’accéder aux blessés ».

« À Sainte-Soline, l’ultra gauche et l’extrême gauche sont d’une extrême violence contre nos gendarmes. Inqualifiable, insupportable. Personne ne devrait tolérer cela. Soutien total à nos forces de l’ordre », a tweeté Gérald Darmanin après le début des affrontements.

« Il y a une très grande mobilisation de l’extrême gauche et de ceux qui veulent s’en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions », avait déclaré le ministre de l’Intérieur vendredi sur Cnews.

Selon la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, « environ 1 500 activistes radicaux », venus de France et de l’étranger, pourraient se mêler aux manifestants, restés majoritairement pacifiques à l’automne.

Dans la matinée, elle a incité dans un communiqué « celles et ceux qui souhaitent manifester pacifiquement et en famille à la plus grande prudence », alors que « plusieurs centaines d’individus radicaux préparent des actions violentes ».

Des armes saisies dès vendredi

Des centaines d’entre eux ont déjà mené des « actions » vendredi après-midi, selon elle, s’en prenant à deux barrages de gendarmerie et réussissant à s’introduire brièvement sur une voie de TGV. Une simple « diversion » pour permettre au convoi de tracteurs de contourner le dispositif policier, selon les manifestants.

Des armes ont été saisies en amont du rassemblement - boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux, haches, a détaillé le commandant régional de la gendarmerie, Samuel Dubuis.

La « bassine » de Sainte-Soline et celle qui fonctionne déjà à Mauzé-sur-le-Mignfont font partie d’un ensemble de 16 retenues, d’une capacité totale d’environ six millions de mètres cubes, qui doivent être construites dans le cadre d’un projet porté depuis 2018 par une coopérative de 450 agriculteurs, et soutenu par l’État.

Il vise à stocker de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes.

Les opposants dénoncent, eux, un « accaparement » de l’eau par « l’agro-industrie » à l’heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer « un vrai projet de territoire » sur le « partage de l’eau ».

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