"À tout moment, tu peux te manger une balle": un dealer raconte la vie dans le quartier de Pissevin
À Nîmes, le trafic de drogues et les règlements de compte entre trafiquants gangrènent le quartier de Pissevin.
Depuis plusieurs mois, le quartier de Pissevin, à Nîmes, où vivent un peu plus de 16.000 habitants, est au cœur de l'actualité, gangrené par les violences liées aux trafics de drogues. BFMTV a rencontré là-bas un dealer du quartier, sous couvert d'anonymat.
"La mort, tôt ou tard, on va la goûter, c'est simple", confie-t-il.
"Ça peut t'atteindre de n'importe où, à n'importe quel moment, tu peux te manger une balle", poursuit le jeune homme. "J'ai déjà vu un calibre pointé en face de moi sur ma tête. J'ai eu peur, j'ai cru que j'allais mourir... Après, c'est le destin", ajoute-t-il.
Rivalité avec Marseille
Cet homme n'a pas encore 17 ans, mais s'exprime déjà comme un vétéran du trafic. "Nous, on a pris l'habitude depuis petit, mais on a quand même peur au fond parce qu'à tout moment une personne peut se manger une balle, par exemple, ça peut être notre mère, notre père... On sait jamais", raconte-t-il.
Pour expliquer pourquoi il y a plus de fusillades ces derniers temps, il affirme que les trafiquants de Marseille "veulent récupérer le contrôle".
"Pour moi, c'est une guerre de territoire, ça essaye de récupérer la ZUP (surnom du quartier, NDLR), mais il ne vont pas réussir", assure le dealer.
Mort du jeune Fayed
Dans la nuit du 21 au 22 août, Fayed, 10 ans, a été tué dans le quartier de Pissevin. Il rentrait du restaurant avec son oncle et son petit frère lorsqu'ils ont été pris au milieu de tirs de Kalachnikov provenant d'une voiture. Plusieurs interpellations ont eu lieu dans cette affaire ce lundi.
"Ça nous fait de la peine un petit frère perdu et on essayera de le venger", affirme le dealer du quartier.
La mort d'un jeune homme de 18 ans quelques jours après celle de Fayed, une nouvelle fois dans un règlement de compte, avait une nouvelle fois provoqué la colère des habitants.
Après une paralysie de plusieurs semaines en raison des trafics et de la violence qui s'y sont installés, Pissevin retrouve peu à peu ses services publics, notamment la desserte des bus. Les chauffeurs de la ville avaient décidé, à la mi-septembre, de ne plus desservir les arrêts du quartier nîmois et ainsi préserver leur sécurité.
Article original publié sur BFMTV.com
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