Nîmes: le quartier de Pissevin, une zone "gangrenée par le trafic de drogue"

Un enfant de 10 ans est mort ce lundi à Nîmes, après que la voiture de son oncle dans lequel il se trouvait a été visée par des tirs. L'enfant, qui "n'est absolument associé d'aucune façon" à des faits punissables par la justice, "a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment", a déclaré la procureure de Nîmes Cécile Gensac.

Les faits se sont déroulés en bas d'un immeuble de la galerie Richard Wagner, connu pour être un point de deal, dans le quartier populaire de Pissevin. "Depuis de nombreux mois maintenant, le trafic de stupéfiants gangrène la situation des quartiers Pissevin-Valdegour", a dénoncé Jean-Paul Fournier, le maire LR de Nîmes, dans un communiqué.

Un quartier "gangrené" par les trafics

L'élu, qui s'est dit "profondément choqué, attristé et révolté par ce nouveau drame", a déploré une "situation qui s'envenime de jour en jour et prend des proportions non maîtrisées". L'élu LR a demandé au passage "l'affectation à demeure d'une compagnie de CRS" à Nîmes, pour faire face à une situation "devenue invivable".

"Le quartier de Pissevin est gangrené par le trafic de drogues qui est à l'origine de toute une délinquance induite", a affirmé de son côté le préfet du Gard Jérôme Bonet, au micro de BFMTV.

"Il ne fait aucun doute que cette affaire est en lien avec le trafic de stupéfiants", a encore déclaré Cécile Gensac, lors d'une conférence de presse ce mardi.

Des échanges de tirs depuis samedi

Ce n'est pas la première fois que le quartier de Pissevin fait parler de lui pour des faits similaires. Les trois dernières soirées ont été marquées par "quelques échanges" de coups de feu, comme l'a expliqué Jérôme Bonet.

Des tirs y avaient déjà été entendus début août, puis ce samedi. Dans la nuit de dimanche à lundi, c'est un groupe d'adolescents qui a été pris pour cible. Deux d'entre eux ont été blessés, dont un jeune de 14 ans grièvement, par des tireurs circulant à bord d'une Renault Clio.

Selon une piste envisagée par les enquêteurs, la Mégane de l'oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille. En janvier dernier, un homme de 39 ans y avait été abattu, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

70% des habitants sous le seuil de pauvreté

Le quartier de Pissevin, dit de "reconquête républicaine", avait par ailleurs fait la une en juin dernier, quand un journaliste reporter d'images y avait été agressé par deux hommes. La mairie avait alors décidé d'y fermer jusqu'à nouvel ordre la médiathèque municipale, évoquant l'aggravation des violences liées aux trafics de drogue.

Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Éric Maurel, que l'AFP s'est procuré, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.

Ces trois quartiers avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants. À Pissevin, 70% des 13.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46%.

Article original publié sur BFMTV.com