"On retrouve un semblant de vie": à Nîmes, les services publics reprennent timidement dans le quartier Pissevin
Un quartier qui tente de revivre après les drames. Ces dernières semaines, le quartier Pissevin de Nîmes a été le théâtre de graves événements sur fond de trafic de stupéfiants, dont le point culminant a été la mort de deux personnes en seulement trois jours, en août.
Parmi elles, un enfant de 10 ans, victime collatérale d'une fusillade déclenchée dans la soirée du 21 août. S'ajoute à cela une insécurité grandissante, des bus caillassés, et une expansion du trafic dans ces rues où vivent un peu plus de 16.000 habitants.
Un quotidien impossible pour les agents
Face à cette situation, les chauffeurs de bus de la ville avaient décidé, à la mi-septembre, de ne plus desservir les arrêts du quartier et ainsi préserver leur sécurité. Lundi dernier, la mairie a de son côté décidé de réduire la durée d'accueil des jeunes enfants pour préserver ses personnels du service public, rendant encore plus difficile la vie des habitants de Pissevin.
Interrogé par BFMTV, un agent du service public relate son quotidien dans le quartier et le danger devenu inhérent à son activité. "Au niveau des cages d'escalier, dès qu'on rentre, il faut regarder dans tous les sens, qu'il n'y ait pas quelque chose qui se passe ou autre."
"Parfois on entend des choses du style: "1500 ce n'est pas assez, il nous faut plus", ou des choses comme ça. À ce moment-là ils sont en train de parler d'argent. Dans ce cas-là, les jeunes disent de revenir. On en a pour 20 minutes, une demi-heure, vous revenez après", détaille-t-il encore.
Dans ce genre de cas, cet agent, qui a tenu à rester anonyme, doit faire preuve de la plus grande diplomatie afin de ne pas envenimer la situation. "Il faut surtout répondre avec des pincettes, éviter le conflit. Il faut toujours tout éviter parce qu'ils sont là, il y a toute la famille, il y a tout le monde, donc ça peut dégénérer vite."
"Là, c'est un ras-le-bol. Donc dès que je peux travailler sur un autre secteur je le fais", ajoute-t-il, illustrant encore plus la difficulté de son quotidien.
"On peut vivre, retrouver une vie"
Malgré cette situation difficile, qui se dégrade encore selon les riverains, un accord a été trouvé entre les représentants de Nîmes Métropole, de la direction de Transdev et des organisations syndicales afin que les bus desservent de nouveau le quartier à partir de ce mercredi matin. Comme l'explique France Bleu, un large dispositif de sécurité, police municipale et nationale, devrait accompagner les véhicules pour ce test d'une quinzaine de jours.
Tôt ce mercredi matin, BFMTV était sur place, aux côtés des passagers à bord du premier bus à rejoindre le quartier. "On retrouve un semblant de vie dans le quartier, et surtout, un sentiment de liberté, on peut vivre, retrouver une vie, une liberté", nous explique Nastasia, qui a milité de longues semaines pour le retour de la desserte des arrêts.
"On limitait nos déplacements, beaucoup ne se déplaçaient plus", ajoute cette habitante, qui assure ne pas en vouloir aux chauffeurs. "Je les comprends tout à fait et les remercie de reprendre du service."
Alain Lorgeas, président du comité de quartier de Pissevin, s'est lui aussi réjouit du retour progressif des services publics. "Il n'y avait pas que les chauffeurs qui risquaient de prendre une balle, mais tous les gens du quartier", fait-il valoir.
Afin de changer cet état de fait, ce dernier estime que la police devrait se déplacer à pied dans le quartier. "Si on veut que la police soit intégrée et partie prenante, il faut qu'elle soit à pied", conclut-il.