À Mayotte, le lycée Younoussa Bamana ferme ses portes quelques jours après la rentrée faute d’accès à l’eau

Une photo prise le 23 mai 2023 à Koungou où un habitant remplit des jerricanes d’eau potable près du bidonville du quartier « Talus 2 ».
Une photo prise le 23 mai 2023 à Koungou où un habitant remplit des jerricanes d’eau potable près du bidonville du quartier « Talus 2 ».

ÉDUCATION - La rentrée à Mayotte a eu lieu le mercredi 23 août. Sauf que ce lundi 4 septembre, les élèves d’un lycée de Mamoudzou, chef-lieu de l’archipel, ont dû rentrer chez eux après seulement quelques heures de cours, rapporte la 1ère. En cause : l’absence d’eau dans l’établissement qui intervient alors que le département traverse l’une des pires sécheresses de son histoire.

Comme le rapportent les médias locaux, le lycée Younoussa Bamana a fermé ses portes dès le milieu de matinée, en raison du manque d’eau potable ainsi que dans les parties communes. Selon Outre-mer La 1ère, cet incident est lié à des « travaux dans des canalisations à proximité de l’établissement ».

Contactée par Le HuffPost, l’académie évoque elle aussi un incident plus ou moins lié à la crise de l’eau mais insiste surtout sur de possibles difficultés techniques du réseau.

Mayotte est confrontée à la plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend essentiellement des eaux pluviales. Par mesure de rationnement depuis lundi 4 septembre, les habitants du département le plus pauvre de France n’ont plus accès à l’eau potable qu’un jour sur trois.

Aux aléas climatiques s’ajoutent aussi la défaillance des infrastructures publiques. Face aux différentes sécheresses qui ont touché l’archipel en 1997, 2017 et 2020, les réponses techniques engagées par les pouvoirs publics (création d’une usine de dessalement, réalisation des deux retenues collinaires...) « ont chaque fois été engagées dans l’urgence » et leurs mises en œuvre ont été « plus ou moins rapides et surtout plus ou moins abouties », pointe auprès de l’AFP la mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) de Mayotte.

L’exemple le plus flagrant est celui de l’usine de dessalement inaugurée en 1998 : elle fournit 8 % de l’alimentation en eau de l’île mais n’a jamais tourné à plein régime, la faute à des problèmes de conception. Les travaux d’extension décidés en 2017 ne sont toujours pas achevés.

#MayotteASoif

Dans ce contexte, la fermeture du lycée a interpellé les responsables politiques. « Il faut continuer d’attirer l’attention sur la situation à Mayotte. D’abord parce qu’il s’agit de nos compatriotes. Ensuite parce que cette situation de sécheresse historique et la difficile reconstitution de la nappe phréatique sonnent comme une alerte. Nous n’avons plus le temps », écrit le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.

« Les élèves devraient se mettre en abaya, ils auraient sans doute l’attention du Gouvernement et des chaînes d’infos nationales », ironise de son côté la députée LFI Alma Dufour, dans une critique évidente de l’interdiction vestimentaire annoncée par le ministre de l’Éducation nationale, tandis que sa collègue Nadège Abomangoli relaye le hashtag #MayotteASoif, utilisé sur X (ex-Twitter) pour témoigner du quotidien des Mahorais.

En visite samedi 2 septembre à Mayotte, le ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier a annoncé un « véritable plan Marshall pour Mayotte », avec des distributions d’eau aux personnes vulnérables et l’installation en urgence d’une quinzaine de citernes. « Ça, c’est l’urgence », a expliqué Philippe Vigier, avant de rappeler les travaux en cours, « un travail considérable à faire sur les fuites, sur l’interconnexion » entre le nord et le sud de Mayotte moins riche en eau, d’ici la fin octobre pour augmenter la ressource à moyen terme.

À voir également sur Le HuffPost :

Attal et les Mahorais : le ministre présente ses excuses et reconnaît une « maladresse » après un début de tollé

L’allocation de rentrée scolaire versée aux familles ce mercredi (sauf à la Réunion et à Mayotte)