À Marseille, cette haie d’honneur pour les policiers soupçonnés de violence énerve la gauche

Les quatre policiers déférés à Marseille pour « violence en réunion » sont sortis de l’IGPN sous les applaudissements de leurs collègues.
Les quatre policiers déférés à Marseille pour « violence en réunion » sont sortis de l’IGPN sous les applaudissements de leurs collègues.

POLICE - Une sortie sous les applaudissements et une haie d’honneur. C’est ainsi que les quatre policiers déférés à Marseille pour « violences en réunion » ont été accueillis à leur sortie de garde à vue, devant les bureaux de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) ce jeudi 20 juillet, comme on peut le voir sur les images diffusées par BFMTV et visibles dans les tweets ci-dessous.

Après 48 heures d’audition, quatre des huit fonctionnaires de police qui avaient été placés en garde à vue mardi ont été déférés à Marseille pour être présentés à un juge d’instruction en vue d’une mise en examen. La détention provisoire a été requise. Ces quatre policiers sont soupçonnés d’avoir violemment frappé un jeune homme à Marseille en marge des émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel.

Cette haie d’honneur à leur sortie de garde à vue a été commentée par plusieurs personnalités de gauche choquées par ces images. « Y a-t-il encore un ministre de l’Intérieur ? » a ainsi interrogé sur Twitter Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste (PS), tandis que Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, renommait cet engouement « la haie du déshonneur ».

« La haie du déshonneur »

Même son de cloche du côté de la sénatrice PS Marie-Pierre de La Gontrie. « Images terribles qui illustrent le long chemin à accomplir pour retrouver une police qui ne pense pas que tout est permis. C’est le boulot du ministre et de tous les responsables politiques. Sans posture ni facilité mais un peu de courage », écrit-elle sur Twitter.

La députée LFI Danièle Obono s’est elle adressée aux « gens du soi-disant “arc républicain” (mais en vrai réactionnaire) » ainsi : « applaudir des policiers accusés d’avoir tiré au flashball sur un jeune homme de 22 ans, de l’avoir roué de coups et laissé pour mort sur un trottoir, ça se situe où dans votre échelle des valeurs ? »

« Des policiers viennent applaudir leurs collègues mis en cause et bientôt mis en examen pour avoir tabassé et laissé pour mort un jeune homme de 22 ans. Mais selon les macronistes, il n’y a aucun problème structurel ou systémique dans la police… », s’est indigné de son côté Bastien Lachaud, député LFI.

Une information judiciaire avait été ouverte le 5 juillet du chef de violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours, rappelle le parquet de Marseille dans un communiqué.

Passage à tabac

La victime, Hedi, un jeune homme de 21 ans blessé dans la nuit du 1er au 2 juillet, avait témoigné dans le quotidien La Provence, expliquant avoir été passé à tabac par un groupe de quatre à cinq personnes qu’il avait identifiées comme des policiers de la brigade anticriminalité, après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe. Il est toujours hospitalisé.

Le 4 juillet, le parquet de Marseille avait annoncé l’ouverture d’une autre enquête, sur la mort d’un jeune homme de 27 ans, probablement après un « choc violent au niveau du thorax » causé par un projectile de « type flash-ball » dans le centre-ville de la cité phocéenne, au cours de la même nuit du 1er au 2 juillet.

Mohamed Bendriss, marié, père d’un enfant et dont la veuve attend un deuxième enfant, avait perdu la vie après avoir fait un malaise alors qu’il circulait à scooter. C’est lors de son autopsie qu’avait été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l’impact d’un tir de LBD.

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