À Limoges, deux jeunes en scooter meurent en voulant fuir la police après un refus d’obtempérer

À Limoges, deux jeunes hommes sont morts après avoir grillé un feu rouge en cherchant à échapper à un contrôle de police, ont rapporté les fonctionnaires (photo d’illustration prise à Nantes en février 2020).
À Limoges, deux jeunes hommes sont morts après avoir grillé un feu rouge en cherchant à échapper à un contrôle de police, ont rapporté les fonctionnaires (photo d’illustration prise à Nantes en février 2020).

FAITS DIVERS - Le terme n’en finit plus de faire les gros titres de la presse, à force d’épisodes macabres. Deux jeunes hommes circulant à scooter sont morts à Limoges, en Haute-Vienne, après avoir percuté un véhicule à la suite d’un refus d’obtempérer dans la nuit du samedi 5 à ce dimanche 6 août, a-t-on appris de sources policières.

Le procureur de la République de Limoges a annoncé, lors d’un point presse dans la soirée, l’ouverture de deux enquêtes, l’une pour refus d’optempérer aggravé par la mise en danger délibérée et l’autre pour homicide involontaire. Elles ont été confiées à la sûreté départementale.

Selon la version des faits donnée par la police et confirmée par le parquet dans un communiqué, le deux-roues a pris la fuite à la vue d’un véhicule de la BAC qui s’apprêtait à le contrôler, vers 22h50. Une course-poursuite se serait engagée, avant que les policiers n’y renoncent, et le scooter a grillé un feu rouge, percutant un véhicule tiers, ce qui a tué sur le coup le mineur de 17 ans qui se trouvait au guidon du deux-roues. Son passager, majeur, est décédé à l’hôpital. Tous deux ont été projetés à plus de 20 mètres de leur bolide au moment de l’impact.

De source policière, les deux jeunes circulaient équipés d’un casque sur un puissant scooter Yamaha T-Max et la police aurait « rapidement mis un terme » à la course-poursuite, « jugeant la situation trop dangereuse ».

« Tragique accident »

Selon la mairie de Limoges, la voiture percutée avait à son bord un père de famille et ses jeunes enfants, qui sont « choqués et traumatisés ». « Nos pensées vont évidemment aux familles des victimes disparues à qui nous présentons nos plus sincères condoléances », a réagi dans un communiqué Émile Roger Lombertie, maire de Limoges, déplorant un « tragique accident ».

La préfecture de Haute-Vienne n’a pas souhaité faire de commentaire, renvoyant vers le parquet de Limoges, qui doit communiquer sur l’affaire dans la journée.

Selon le site spécialisé dans les dossiers sécuritaires Actu17, des échauffourées se sont produites à Limoges après cet accident, avant un retour au calme. Les pompiers ont confirmé à l’AFP que des véhicules avaient été incendiés dans le quartier prioritaire de Beaubreuil.

Sur l’avenue du Général Leclerc, grande artère bordant des zones résidentielles, de la sciure, des peintures au sol et des croix marquant les positions des corps étaient toujours visibles dimanche à la mi-journée, selon un photographe de l’AFP. L’une des croix, entourée de traces de sang, se trouvait à 30 ou 40 mètres du point d’impact entre les deux véhicules.

« Le conducteur a été projeté et a percuté une voiture garée le long de la route. Il ne bougeait plus. L’autre a été projeté sur 50 mètres et criait », a confirmé à l’AFP un témoin arrivé sur les lieux quelques minutes après l’accident. « On a vu les deux jeunes par terre qui ne bougeaient plus, le scooter très endommagé et le véhicule très accidenté du père avec ses deux enfants. On se demande comment eux n’ont rien eu », a déclaré une voisine réveillée par le bruit de l’accident. Sur une vidéo obtenue par l’AFP et filmée quelques minutes après les faits, on voit un scooter très endommagé sur la chaussée, non loin d’une voiture blanche ayant l’aile avant gauche enfoncée.

Un contexte lourd autour des « refus d’obtempérer »

« Le chagrin s’exprimant par la colère ne saurait justifier une quelconque violence. Aucune violence ne ramènera ces deux garçons à la vie », a réagi le maire de Limoges. « L’apaisement et le recueillement sont nécessaires pour accompagner les familles et les amis dans leur deuil. »

Ces deux décès interviennent un peu plus d’un mois après la mort fin juin du jeune Nahel, 17 ans, tué par le tir d’un policier après un refus d’obtempérer à Nanterre. Sa mort a déclenché plusieurs nuits de violences urbaines dans le pays. Elles ont été marquées par des heurts entre émeutiers et forces de l’ordre, des scènes de pillages, des tirs de mortiers d’artifice sur des bâtiments publics et des incendies. Deux semaines plus tôt, à Angoulême, Alhoussein Camara, 19 ans, avait lui aussi été tué par le tir d’un policier lors d’un contrôle routier.

Ce samedi, des responsables policiers s’étaient par ailleurs émus de deux événements liés à des refus d’obtempérer. À Lyon tout d’abord, un homme a été placé en garde à vue vendredi après avoir traîné sur quelques mètres un policier municipal qui tentait de le verbaliser. Puis près de Montbéliard, dans le Doubs, une policière a été percutée et projetée sur plusieurs mètres par un chauffard qui cherchait à échapper à un contrôle dans la nuit de vendredi à samedi. Elle ne souffrait que de quelques contusions et a rapidement pu quitter l’hôpital.

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