"À la limite de la légalité": Mathieu Périsse, co-auteur du livre sur les crèches privées, dénonce le "surbooking"

"À la limite de la légalité": Mathieu Périsse, co-auteur du livre sur les crèches privées, dénonce le "surbooking"

Un livre coup de poing. Dans l'ouvrage Le Prix du berceau, ce que la privatisation des crèches fait aux enfants, à paraître ce vendredi, Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse dénoncent les conséquences de la privatisation du secteur de la petite enfance. Parmi les dérives observées des portions de repas rationnées, des soins minutés, mais aussi la pratique du "surbooking", comprendre accueillir plus d'enfants que ce qui est légalement prévu.

Invité ce mercredi matin sur BFMTV, Mathieu Périsse est revenu plus en détails sur ce dernier point, rappelant dans un premier temps que le surbooking est autorisé par la CAF "sur certains créneaux horaires."

"L'idée est de répondre à des urgences, des besoins de familles qui ne correspondent pas aux créneaux de la crèche. Le problème c'est quand c'est érigé en système", dit-il.

"Grappiller des points de rentabilité"

Comme poursuit le co-auteur du livre, le surbooking est en réalité très intéressant pour les entreprises dans l'objectif d'optimiser leurs gains. "Il n'y a pas besoin d'avoir des locaux plus grands par exemple, c'est une rentabilité possible", dit-il.

"Un enfant qui vient de 8h à 17h toute la journée, tous les jours, ça n'existe pas, il y a beaucoup de trous dans les emplois du temps, il s'agit de les remplir en compensant avec le surbooking, mais on est à la limite de la légalité. Ce qui est censé être l'exception devient la règle de fonctionnement pour grappiller des points de rentabilité supplémentaires", insiste-t-il.

Lors de son intervention, Mathieu Périsse souligne que les exemples de dysfonctionnements se multiplient. "Une crèche de Babilou, du côté de Saint-Priest, a été très fermement rappelée à l'ordre par la protection maternelle et infantile du grand Lyon."

"C'est l'administration chargée du contrôle qui lui a dit 'attention vous ne pouvez pas accueillir systématiquement plus d'enfants que ce que votre autorisation le prévoit", détaille-t-il.

Vingt ans après l'ouverture du secteur au privé, les crèches privées proposent 80.000 places, soit quelque 20% des places disponibles, et réalisent un chiffre d'affaires compris entre 1,1 et 1,4 milliard d'euros, selon un rapport de Matignon publié en 2021.

Quatre grands groupes occupent principalement le marché: Grandir (Les Petits Chaperons rouges), Babilou, La Maison Bleue, People & Baby.

Article original publié sur BFMTV.com