À Hawaii, la crainte d’un grand exode après les incendies

Depuis que les flammes ont dévasté son appartement de Lahaina, Tatiana Kamelamela-Liua, 26 ans, une autochtone d’Hawaii qui a toujours habité sur l’île de Maui, est hantée par la question du départ, souligne le Los Angeles Times.

Elle craint en effet “que l’activité touristique qui faisait vivre toute sa famille ne retrouve jamais son niveau d’avant les grands incendies, et qu’après que des milliers d’habitations sont parties en fumée, ils ne trouvent plus à se loger sur l’île”.

Elle envisage donc, avec son mari, de déménager à Las Vegas. Tatiana explique que le couple, accompagné de leur jeune enfant, pourrait se créer une nouvelle vie dans cette métropole située en plein désert du Nevada. Une ville que d’aucuns surnomment déjà affectueusement “la neuvième île” (l’archipel d’Hawaii compte huit îles principales), “car Las Vegas possède déjà une forte population de natifs de l’archipel du Pacifique”, souligne le quotidien.

“Nous avons de la famille là-bas, explique Tatiana, qui a déjà lancé une cagnotte en ligne pour financer son projet de départ, c’est moins cher et il y a des tonnes d’hôtels dans lesquels nous pourrions trouver du travail”.

L’exil des autochtones

Le continent a toujours exercé une forte attraction sur les résidents de l’archipel, poursuit le Los Angeles Times, car Hawaii est l’État américain où le coût de la vie est le plus élevé. Et ceux qui partent sont souvent les autochtones, qui font partie des habitants les plus pauvres de l’archipel. À Lahaina, la capitale historique de Maui, 12 % de la population vivait déjà sous le seuil de pauvreté avant les incendies, et de nombreux évacués ont déjà mis le cap sur le continent ou s’apprêtent à le faire.

Si cet exode se précise, il ne ferait qu’accentuer une tendance déjà à l’œuvre. Selon les données du recensement américain, “Hawaii fait en effet partie des dix États américains qui ont perdu le plus d’habitants entre 2020 et 2022”.

L’année dernière, en moyenne, l’archipel perdait, chaque jour, 26 habitants de plus qu’il n’en gagnait. Des départs alimentés par la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, qui s’est traduite sur le terrain par “un effondrement du tourisme, une forte hausse du chômage et une forte hausse des prix”.

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