À la fête de l’Humanité, le style Roussel ne fait pas l’unanimité

Fabien Roussel, le 27 août 2022, à l’université du PCF à Strasbourg.
PATRICK HERTZOG / AFP Fabien Roussel, le 27 août 2022, à l’université du PCF à Strasbourg.

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Fabien Roussel, le 27 août 2022, à l’université du PCF à Strasbourg.

POLITIQUE - La fête de l’Humanité de cette année aurait pu avoir une saveur particulière. Elle se tient après un marathon électoral qui a vu renaître une candidature du Parti communiste français après quinze ans d’absence, en la personne de Fabien Roussel. Élu député du Nord en 2017 et secrétaire national du parti l’année suivante, il a réussi à exister là où peu de monde l’attendait. Sur le stand de la Fédération Indre-et-Loire, ce vendredi 9 septembre, Françoise Langlade, engagée au PCF depuis ses seize ans assure que la campagne présidentielle du candidat l’a « reboostée ». « C’est exactement pour cet esprit que j’avais adhéré au PCF » confie, enthousiaste, celle qui, ensuite, a tenté sa chance aux législatives.

Un « moment Roussel » qui a certes existé, mais ne s’est pas concrétisé dans les urnes. Les 2,3 % restent une « déception » de l’aveu de certains cadres qui préfèrent conserver l’anonymat. Aux législatives, les communistes ont conservé 15 députés. Même si les scores peuvent être améliorés, « le contrat est rempli », pour Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris et porte-parole de Fabien Roussel. « Les militants sont contents de la séquence présidentielle et législative », veut-il croire.

Certains, oui. Sur le stand Loire-Atlantique où il déjeune avec la presse, Fabien Roussel, souriant et détendu, doit parfois s’interrompre pour des photos et quelques dédicaces. Attablée avec Françoise Langlade sur le stand Indre-et-Loire, François, la soixantaine dépassée et adhérent de longue date du PCF, se dit satisfait. Fabien Roussel l’a enthousiasmé, et de toute façon, il ne s’attendait pas à un score extraordinaire à la présidentielle. L’accord autour de la NUPES pour les législatives ? « Nécessaire, mais chacun doit garder son identité politique », pour Françoise Langlade. « C’est le désaccord qui fait la richesse du débat », abonde son voisin de table.

« On est un peu les emmerdeurs de service, mais sinon la gauche crève », Barbara Gomes, ex-porte-parole de Fabien Roussel.

Ça tombe bien, c’est exactement ce que fait Fabien Roussel. Quand les désaccords des partis de la NUPES sont exposés au grand jour - sur le nucléaire, la chasse ou les violences policières - le nom du député communiste revient (très) souvent. Trop ? Barbara Gomes, une de ses porte-parole pendant la campagne, assume : « On est un peu les emmerdeurs de service, mais sinon la gauche crève », estime-t-elle.

Elle plaide pour que la gauche s’empare de sujets généralement laissés à la droite. Comme la sécurité. En 2021, Fabien Roussel a participé à une manifestation en soutien aux policiers devant l’Assemblée nationale. L’événement avait divisé la gauche, et certains participants à la fête de l’humanité ne digèrent toujours pas la présence de Fabien Roussel : « Il s’est perdu », regrette Harold, 22 ans, apprenti dans l’élevage et la fromagerie.

Pourtant, il dit avoir « adhéré » à la formule des Jours heureux, du candidat pendant la présidentielle. « Fabien Roussel a remis certains sujets en avant, comme le plaisir de vivre. C’est important de parler confort, et pour moi ça rime avec congés payés, bien manger ! Tout ça, ce n’est pas du luxe » concède-t-il. En revanche, il est beaucoup plus mitigé sur la ligne Roussel au sein de la NUPES : « le ping-pong avec Sandrine Rousseau sur le barbecue, ça ne fait pas monter le niveau », tacle-t-il, en référence à la réplique du communiste sur « le sexe de l’escalope ».

« Il fragilise la NUPES avec ses sorties », ajoute Élie, 22 ans et syndicaliste à la fac de Tolbiac. Une technique qui permet au député communiste de continuer à porter ses thématiques engagées pendant la campagne. En prenant souvent le contrepied de ses collègues de gauche, il continue à exister, politiquement et médiatiquement.

« Le ping-pong avec Sandrine Rousseau sur le barbecue, ça ne fait pas monter le niveau »

Assez pour retenter l’expérience en 2027 ? Non, tranchent la plupart de ceux qui ont répondu à nos questions. « Il a essayé, ça n’a pas marché. Il n’a pas apporté de nouvel électorat », regrettent à l’unisson Harold, et son ami Élie. Un peu plus loin, sur le stand de Bagneux, Titouan, Laura, Théo et Mégane, la vingtaine, sont du même avis : « Il pourrait apporter des choses mais il est trop radical ». Sur le stand de l’Indre-et-Loire, on se refuse pour l’instant à parler de potentiel candidat. De l’avis général, l’important est ailleurs : « C’est le programme qui nous intéresse. Pas le candidat. »

La future présidentielle est loin, et tout est possible : un candidat unique à gauche ? Chacun pour soi ? À la fête de l’Humanité ce week-end, tous les leaders politiques de la NUPES se croiseront : Julien Bayou d’EELV et Olivier Faure du PS sont attendus samedi 10 septembre. Tout comme Jean-Luc Mélenchon, Insoumis en chef, qui fait son grand retour après avoir boudé la fête pendant six ans. Aucune photo de famille n’est prévue mais « Jean-Luc et Fabien finiront par se croiser, et Fabien sera ravi » assure-t-on dans l’entourage du communiste.

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