À Carnac, les 39 menhirs détruits pour un magasin n’avaient pas un caractère « majeur », se défend la DRAC

Cette photo aérienne prise le 4 août 2019 montre une collection de pierres néolithiques sur un site de la ville de Carnac, dans le Morbihan. (photo d’illustration)
Cette photo aérienne prise le 4 août 2019 montre une collection de pierres néolithiques sur un site de la ville de Carnac, dans le Morbihan. (photo d’illustration)

BRETAGNE - C’est une petite parcelle de terrain est au centre de tous les débats en Bretagne. Une quarantaine de petits menhirs situés à proximité des célèbres alignements de Carnac, dans le Morbihan, ont été détruits récemment pour permettre la construction d’un magasin Monsieur Bricolage. Un constat suscitant l’incompréhension des défenseurs du patrimoine.

Face à cette polémique naissante, la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) de Bretagne s’est défendue. Ces menhirs ne présentaient pas un caractère archéologique « majeur » explique l’organisme dans un communiqué publié mercredi 7 juin.

La DRAC de Bretagne met en avant le « caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges » qui avaient été trouvés en 2015 lors de fouilles préventives. « L’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie », explique la DRAC - dont le siège est à Rennes et relevant du ministère de la culture, tout en exerçant ses missions sous l’autorité des préfets.

Elle souligne que le terrain sur lequel les pierres se trouvaient est considéré comme une « zone d’activité » par le plan local d’urbanisme (PLU). Il « n’est par ailleurs pas répertorié parmi les zones de présomption archéologique, c’est-à-dire les zones qui justifient un avis du service régional d’archéologie », ajoute-t-elle.

Le « constat contradictoire » d’un rapport de l’Inrap en 2015

Dans un billet de blog repris par Ouest France, Christian Obeltz, passionné d’archéologie, déplorait la destruction de 39 petits menhirs de 50 cm à un mètre de haut, pour la construction d’un magasin Mr. Bricolage sur le site. Le permis de construire, délivré le 26 août 2022 par la mairie de Carnac, avait été refusé une première fois en 2015.

Le terrain avait, cette année-là, fait l’objet de fouilles par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui s’étaient achevées « sur un constat contradictoire ».

« Sur les huit tranchées ouvertes, aucune ne fait état de vestiges enfouis et le sous-sol des lieux semble bien ne renfermer aucun aménagement anthropique ni même de mobilier », écrit l’Inrap dans la conclusion générale de son rapport publié en avril 2015.

« Mais après avoir fait débroussailler avec la pelle mécanique une limite parcellaire constituée d’un muret de pierre sèche, nous avons eu la surprise de mettre au jour une file de gros blocs dressés, file qui a visiblement servi d’ancrage pour édifier le muret », développe l’organisme, avant de se demander : « Et ce deuxième constat, totalement inattendu, fait de ce diagnostic archéologique une opération positive : un alignement mégalithique inédit vient-il d’être découvert à Carnac ? »

« Seules des observations complémentaires sur les monolithes, voire une fouille, permettraient de certifier l’origine néolithique de cet ensemble qui pourrait au final s’inscrire en bonne place dans la cartographie des monuments mégalithiques locaux », conclut l’Inrap.

Voici à quoi ressemblaient quelques-uns des menhirs, via cette photo (dans le tweet ci-dessous) datant de 2015 publiée par Ouest-France.

Une plainte contre X

Le problème, pour le lanceur d’alerte Christian Obeltz, est donc qu’il « n’y a pas eu de fouilles archéologiques pour que l’on sache si les stèles étaient bien des menhirs ou non ». « Le site est répertorié au projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui les oblige normalement à prévenir l’Architecte des bâtiments de France et la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) avant de lancer le projet », a affirmé à l’AFP l’archéologue.

La DRAC avait alors prescrit une telle fouille sur les deux files de blocs de pierres mises au jour à l’époque, mais celle-ci n’avait jamais eu lieu, le premier permis de construire ayant été refusé pour des raisons non liées à l’archéologie, précise-t-elle dans son communiqué.

De son côté, le maire de Carnac, Olivier Lepick, a assuré avoir « parfaitement respecté la législation ». Après cette destruction, une association de défense du patrimoine, Koun Breizh (Mémoire bretonne, en breton), a annoncé avoir déposé une plainte contre X pour destructions volontaires aggravées car portant sur le patrimoine archéologique.

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