Aux États-Unis, le « shutdown » évité de justesse illustre la pagaille qui règne au Congrès depuis un an

Le patron de la majorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, ici photographié le 20 mars 2024 au Capitole de Washington.
ANNA MONEYMAKER / Getty Images via AFP Le patron de la majorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, ici photographié le 20 mars 2024 au Capitole de Washington.

ÉTATS-UNIS - Une paralysie des services publics à nouveau esquivée in extremis. Le Congrès américain a adopté ce samedi 23 mars un texte visant à financer l’État fédéral jusqu’à septembre et ainsi éviter à la première puissance économique mondiale de glisser dans un « shutdown » qui aurait mis des fonctionnaires au chômage technique.

Les sénateurs n’ont d’abord pas approuvé ce texte avant l’échéance fatidique de minuit vendredi, censée déclencher cette paralysie. Mais les élus ont fini par se mettre d’accord sur l’adoption finale de cette loi de finances de 1 200 milliards de dollars.

« Cela n’a pas été facile, mais notre persévérance valait la peine », a déclaré le chef de file démocrate du Sénat américain Chuck Schumer depuis l’hémicycle, après des heures d’intenses négociations avec les Républicains. « C’est bien pour les Américains que nous ayons conclu un accord », a-t-il ajouté, avant l’approbation finale du texte. Ce petit retard devrait être sans grande conséquence sur les ministères américains qui risquaient de se voir priver de financements, faute d’accord.

Un texte passé de justesse malgré le tumulte politique

Plus qu’un grand danger pour les États-Unis, ces rebondissements de dernière minute illustrent la pagaille qui règne au Congrès américain. Au cours de la dernière année, l’institution a destitué l’un de ses leaders, échoué à envoyer des fonds pour l’Ukraine et évité, seulement de justesse, la banqueroute de la première puissance économique mondiale.

Vendredi matin, le vote du budget de l’État fédéral à la Chambre des représentants, qui devait elle aussi approuver ce texte, a d’ailleurs été le théâtre de rebondissements spectaculaires. Quelques minutes après le vote, l’élue Marjorie Taylor Greene, proche de Donald Trump, a déclaré avoir déposé une motion pour évincer le dirigeant de l’institution, le républicain Mike Johnson, qu’elle a accusé de « trahison ».

Une poignée d’élus ultra-conservateurs reprochent au républicain, en poste depuis octobre, d’avoir fait un trop grand nombre de concessions budgétaires aux démocrates. « Il nous faut un nouveau speaker », a affirmé l’élue, connue pour ses frasques, ses provocations et ses remarques injurieuses, à des journalistes.

Importantes répercussions à l’international

La tension qui règne autour de l’adoption de ces lois de finances est telle que les États-Unis ne sont pas parvenus jusqu’ici à adopter un quelconque budget pour 2024 -- une situation à laquelle aucune autre grande économie mondiale n’est confrontée. Ils ont à la place fonctionné durant des mois via l’adoption de mini-budgets, expirant au bout de quelques semaines, un casse-tête pour les ministères américains.

S’il est bien adopté, le projet de loi débattu cette semaine prolongera le budget américain jusqu’à la fin de l’exercice financier, soit le 30 septembre. Ce texte de 1 012 pages, fruit de tractations très acrimonieuses, contient des mesures qui auraient de fortes répercussions à l’étranger.

Le texte interdit notamment tout financement direct des États-Unis à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, au cœur d’une controverse depuis qu’Israël a accusé fin janvier 12 de ses quelque 13 000 employés à Gaza d’être impliqués dans l’attaque meurtrière du 7 octobre perpétrée par le Hamas.

Le projet de loi contient aussi des centaines de millions de dollars pour Taïwan, mais ne débloque aucun financement pour l’Ukraine, l’enveloppe pour Kiev faisant l’objet de négociations séparées. Le texte débattu vendredi contient aussi plusieurs mesures liées à l’immigration, un sujet explosif en pleine campagne présidentielle.

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