États-Unis: des gardiens de prison signent une pétition pour qu'un condamné à mort ne soit pas exécuté

Condamné à mort pour deux meurtres, un Américain doit être exécuté mardi 9 avril dans le Missouri, mais une pétition a été lancée pour qu'il soit épargné. Elle a été signée par la majorité des agents pénitentiaires de sa prison.

Un détenu visiblement apprécié. Aux États-Unis, dans le Missouri, une pétition a été lancée pour demander au gouverneur que l'un des prisonniers ne soit pas exécuté comme c'est prévu ce mardi 9 avril. Les signataires, parmi lesquels figurent de nombreux gardiens de la prison où est détenu le condamné à mort, estiment que ce dernier s'est réinséré et parlent d'une condamnation injuste.

Brian Dorsey a été condamné à mort pour les meurtres de sa cousine et de son époux, Sarah et Benjamin Bonnie, en 2006.

La pétition est soutenue par plus de 70% des agents pénitentiaires de la prison dans laquelle se trouve le détenu. Cinq jurés qui avaient participé à la phase pénale du procès à l'époque ont également signé le texte, ainsi qu'un ancien juge de la Cour suprême du Missouri et au moins trois élus républicains locaux.

Un détenu exemplaire, selon la pétition

Pour défendre leur position, les signataires mettent d'abord en avant les circonstances de la condamnation à mort de Brian Dorsey. Ils soutiennent notamment que ce dernier était sous le coup d'une "psychose causée par la consommation de drogues" et d'un "trou noir lié à la prise d'alcool" au moment des meurtres.

Elle souligne que le détenu, souffrant de dépression chronique, était parfois en proie à des hallucinations. Ces éléments auraient dû, selon eux, lui épargner une condamnation pour meurtre au premier degré.

Le texte met aussi en avant les regrets de Brian Dorsey et le fait qu'il accepte pleinement, dans le même temps, la responsabilité des meurtres.

Les signataires estiment par ailleurs que l'Américain n'a pas pu bénéficier de la meilleure défense possible en raison d'un "conflit d'intérêt financier", lié à la façon dont les avocats ont été rétribués à l'époque du procès.

Enfin, la pétition souligne que le détenu a un dossier vierge depuis qu'il a débuté son séjour derrière les barreaux. Le meurtrier est également barbier auprès du personnel pénitentiaire depuis 11 ans, note le texte, un poste sensible puisqu'il lui permet de détenir un objet coupant, signe de la confiance accordée au détenu.

Le condamné frappé par le "remord"

Alors que le temps presse, la défense de Brian Dormey se démène pour tenter d'éviter la peine capitale à leur client.

"Sa honte immense et ses remords l'ont façonné et ont apparemment influencé la façon dont il a vécu chaque jour de sa vie depuis (les meurtres)", plaide l'une de ses avocates, Me Megan Crane, auprès de CNN.

Concernant les proches du détenu, certains d'entre eux, qui ont aussi perdu deux membres de leur famille avec les deux meurtres, demandent que Brian Dorsey soit épargné, ce que ne manque pas de souligner la pétition.

La famille de Sarah Bonnie en colère

Ils ne sont cependant pas tous dans ce cas, selon CNN, qui a reçu un communiqué signé par plusieurs proches de Sarah Bonnie.

Brian Dorsey "était un membre de la famille proche à qui on avait donné refuge pour le sortir d'une mauvaise situation et qui a transformé cette main tendue en trahison ultime auprès d'un être cher", dénoncent-ils.

Les auteurs rappellent que la fille du couple, qui avait 4 ans quand son père et sa mère ont été tués, a grandi sans ses parents à ses côtés, à cause du geste de Brian Dorsey. "Tout lui a été enlevé par un membre de la famille qui prétendait l'aimer", accusent-ils.

Pour les proches de Sarah Bonnie, la condamnation de son cousin, prévue mardi, serait "la lumière au bout du tunnel".

La demande examinée par le gouverneur

Le 23 décembre 2006, Brian Dorsey appelle sa cousine à l'aide, alors que deux dealers se trouvent chez lui et lui réclament de l'argent. Sarah Bonnie et son époux arrivent sur place et les deux hommes quittent les lieux.

Le futur détenu passe ensuite la soirée chez le couple et consomme notamment de l'alcool. Plus tard, il les abat avec une arme à feu. Brian Dorsey quitte l'appartement après avoir volé plusieurs objets, ainsi que la voiture de Sarah Bonnie. Il finit par se rendre à la police trois jours plus tard et plaide coupable lors de son procès.

Le gouverneur du Missouri est "en train d'examiner le recours en grâce de M. Dorsey", selon son porte-parole. Une décision est attendue dans les prochaines heures.

Article original publié sur BFMTV.com