Édouard Philippe déplore qu'on creuse la dette sans "réformer grand chose"

3000 milliards de dettes publiques. Un chiffre qu'Édouard Philippe voudrait imprimer dans la tête des Français, à l'heure où Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards de coupes budgétaires. Dans le quotidien L'Opinion lundi 26 février, le chef de file d'Horizons, parti de la majorité présidentielle, refuse que "l'indifférence gagne" les Français et les politiques et s'attaque au déficit de l'État.

"La question de la dette doit être prise extrêmement au sérieux [...] Ce n'est pas une obsession d'expert-comptable. Ce doit être une obsession politique", a déclaré l'ancien Premier ministre, chantre de l'ordre dans les comptes du pays.

"Lorsqu'on la laisse filer, on perd progressivement sa souveraineté. On devient dépendant de ceux qui financent notre train de vie", avertit-il.

"François Fillon avait raison d’alerter politiquement sur la fragilité financière du pays", estime-t-il, déplorant qu'aujourd'hui, "l'État dépense de plus en plus", en réformant moins. Édouard Philippe s'en prend alors directement à la politique économique du gouvernement français, "dernier pays européen à ajuster [ses] comptes".

"Aujourd’hui, le problème, c'est qu'on ne réforme pas grand-chose"

"Nous dépensons de plus en plus, nous recrutons de plus en plus de fonctionnaires, et pour autant les services publics fonctionnent souvent de moins en moins bien" constate le maire du Havre. Et d'ajouter: "Savez-vous que le nombre de fonctionnaires croît plus vite que la population ?"

L'ancien locataire de Matignon regrette qu'"en 2017, le président de la République disait beaucoup [...] que, quitte à dépenser, il fallait réformer massivement. Aujourd’hui, le problème, c’est qu’on ne réforme pas grand-chose".

Plus de "sérieux budgétaire"

Se refusant à parler de rigueur, l'ancien Premier ministre appelle au "sérieux" budgétaire. "Il faut s’engager politiquement pour améliorer la situation financière du pays sans renoncer à l’ambition de mettre en œuvre des politiques publiques efficaces", indique-t-il.

Fervent défenseur des réformes de masse sur les pôles où l'État dépense le plus, l'édile, qui a déjà annoncé ses ambitions pour 2027, donne ses premières pistes: Jouer "à fond" la carte de la prévention comme réussir à vacciner 70% de la population et ainsi éviter le milliard d’euros que la grippe coûte chaque année au budget de la santé. Repenser la coûteuse et pas très efficace politique du logement qui selon lui pourrait aussi bien marcher avec 10 milliards en moins...

"Il faut attaquer les grandes masses et reprendre complètement les politiques publiques où on dépense le plus d’argent", tranche Édouard Philippe. D'après lui, il faut "se fixer une règle collective":

"Nous ne devons pas financer notre train de vie et notre solidarité d’aujourd’hui aux dépens de nos enfants et petits-enfants demain".

L'ancien Premier ministre, de plus en plus bavard dans les médias, se positionne avec cette interview sur le créneau bien défini de la responsabilité budgétaire, sans excès rigoriste. Une façon de prendre de la hauteur de vue (et de l'avance) en prévision d'une future campagne présidentielle.

Article original publié sur BFMTV.com