À Gaza, l’importance stratégique du poste-frontière de Rafah, bombardé plusieurs fois par Israël

À la porte du passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 avril 2023.
SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett À la porte du passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 avril 2023.

GAZA - C’est l’endroit le plus stratégique de la bande de Gaza. Le poste-frontière de Rafah, vers l’Égypte, constitue en effet la seule issue de l’enclave palestinienne qui ne soit pas contrôlée par Israël.

Alors qu’elle se trouve depuis 2007 sous un strict blocus imposé par Israël, l’Égypte - premier pays arabe à avoir reconnu Israël - garde le plus souvent ouvert ce point de passage.

Très peu d’habitants du petit territoire pauvre et surpeuplé (2,3 millions de personnes) obtiennent toutefois l’autorisation de traverser, généralement délivrée pour raison médicale.

Ce mardi 10 octobre, au quatrième jour des offensives menées par le Hamas et l’armée israélienne, le poste-frontière de Rafah a été bombardé trois fois par l’aviation israélienne ces dernières 24 heures, selon l’ONG égyptienne Sinai for Human Rights.

Le point de passage côté palestinien a été visé ce mardi à la mi-journée puis de nouveau dans l’après-midi, interrompant le passage de familles vers et depuis l’enclave palestinienne désormais sous « siège total » d’Israël, ont rapporté des témoins.

Interrogée, l’armée israélienne a dit ne « pas être en mesure de confirmer ou démentir à ce stade » avoir mené ces raids. Avant cela, elle avait appelé les civils de Gaza à fuir vers l’Égypte via le poste-frontière de Rafah, rapporte l’agence de presse Reuters.

L’ONG Sinai for Human Rights a précisé que la frappe « a provoqué une nouvelle fermeture du point de passage ». Aucune confirmation n’a pu être obtenue de part et d’autre.

Des témoins ont affirmé à l’AFP que les employés égyptiens du poste-frontière s’étaient retirés des bâtiments où ils travaillent tandis que des bus transportant des familles palestiniennes en route vers Gaza ont fait demi-tour, reprenant la route vers El-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï.

Un premier bombardement israélien lundi

Le terminal de Rafah avait déjà été brièvement fermé lundi soir après un premier bombardement israélien, selon une source de sécurité égyptienne et des témoins.

« Les équipes palestiniennes du poste-frontière de Rafah ont été prévenues par la partie égyptienne d’un risque de bombardement », a rapporté ce mardi le ministère de l’Intérieur de l’enclave palestinienne tenu par le Hamas.

Lundi, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait demandé au président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, un corridor humanitaire pour acheminer médicaments et équipements médicaux à Gaza.

Ce mardi, le roi de Jordanie Abdallah II a annoncé avoir « donné des directives pour acheminer une aide médicale et humanitaire à la bande de Gaza via Rafah, en coordination avec l’Égypte ».

Plus de 187 500 Palestiniens sont déplacés à Gaza, d’après l’ONU.

Officiellement, l’Égypte n’a pas commenté la situation à Rafah mais des « sources haut placées dans l’appareil sécuritaire égyptien » ont affirmé à une télévision proche des renseignements égyptiens que le pays « refuse l’installation des Gazaouis dans le Sinaï ».

Elles ont accusé « certaines parties » qui, pour « servir les intérêts de l’occupant » israélien, veulent « forcer (les Gazaouis) à choisir entre la mort sous les bombes israéliennes ou l’exil de leur terre ».

Depuis samedi, l’offensive du Hamas en Israël et la riposte militaire israélienne ont fait plus de 3 000 morts.

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