Matteo Renzi entame ses consultations pour un gouvernement

Le président du Conseil désigné Matteo Renzi, issu du Parti démocrate (PD, centre-gauche), a entamé mardi des consultations en vue de former un nouveau gouvernement en Italie, avec l'objectif d'avoir une administration en place d'ici le week-end. /Photo prise le 17 février 2014/REUTERS/Remo Casilli

par Massimiliano Di Giorgio ROME (Reuters) - Matteo Renzi a entamé mardi des consultations en vue de former un nouveau gouvernement en Italie, avec l'objectif d'avoir une administration en place d'ici le week-end. Le chef du Parti démocrate (PD, centre gauche) s'est fixé un calendrier de réformes ambitieux en acceptant lundi le mandat que lui a confié le président Giorgio Napolitano, avec pas moins de quatre grandes réformes d'ici la fin du mois de mai. "Le travail avance bien, nous sommes tranquilles", a déclaré Graziano Delrio, le bras droit de Matteo Renzi dans ces négociations. "Nous serons prêts pour la fin de semaine." Les consultations ont débuté avec les petites formations puis Matteo Renzi s'est entretenu avec Angelino Alfano, le chef de file du Nouveau Centre Droit, le parti des dissidents de la droite berlusconienne fondé par cet ancien proche de Silvio Berlusconi, dont l'appui est indispensable au PD pour gouverner. S'exprimant après la rencontre, Angelino Alfano a confirmé le soutien sous conditions de son mouvement à un gouvernement Renzi. Il a ainsi exclu tout impôt sur la fortune, défendu par certains au PD, et dit souhaiter que le futur ministre de l'Economie soit d'accord avec les priorités du NCD. "Nous voulons quelqu'un (au ministère de l'Economie) qui ne soit pas contre nos propositions mais qui, comme nous, y soit attaché", a déclaré à la presse Angelino Alfano, sans nommer aucun candidat potentiel pour le poste. Les grandes formations -Forza Italia (droite), Mouvement Cinq Etoiles (anti-élites) et Parti démocrate- seront consultées mercredi. Angelino Alfano a expliqué que les partis disposés à soutenir le gouvernement se réuniraient dans l'après-midi pour s'assurer que leurs visions des réformes économiques sont bien compatibles. Matteo Renzi, qui a fait chuter Enrico Letta avec l'appui de son Parti démocrate, s'est fixé un calendrier serré: réforme de la loi électorale et du système constitutionnel avant la fin du mois, réforme du marché du travail en mars, de la fonction publique en avril et de la fiscalité en mai. Il ne s'est pas appesanti en revanche sur les détails de ses promesses, à commencer par sa volonté de respecter la discipline budgétaire que réclament les partenaires européens de l'Italie. UN ÉCONOMISTE DU PARTI DÉMOCRATE PARLE D'"AVENTURISME" Filippo Taddei, l'un de ses principaux conseillers économiques, a indiqué que la priorité irait à la réduction des dépenses publiques et à la baisse de la taxation du travail qui, a-t-il dit, est trop élevée par rapport à la taxation des revenus financiers. "Nous voulons baisser les taxes en général, en commençant par les taxes sur le travail", a-t-il dit sur la chaîne Canale 5. Taddei a également précisé que le niveau de protection sociale des chômeurs serait renforcé et que les dispositions du code du travail protégeant les salariés d'un licenciement sans justification ne seraient pas supprimées. Au lendemain de sa désignation par le président Giorgio Napolitano, le jeune maire de Florence, sans expérience ministérielle, se heurte déjà aux difficultés traditionnelles de la vie politique italienne. Comme le soulignent les déclarations d'Angelino Alfano, le ministère de l'Economie attire naturellement les attentions et Renzi n'a pas encore précisé s'il nommerait un professionnel de la politique ou un représentant de la technostructure à l'image du ministre sortant, Fabrizio Saccomanni, qui était issu de la Banque d'Italie. Une chose est à peu près sûre, Fabrizio Barca, ministre dans le cabinet de "techniciens" de Mario Monti, entre novembre 2011 et avril 2013, et spécialiste des questions économiques au Parti démocrate ne devrait pas en être. Piégé par un journaliste de Radio 24 qui l'a appelé en se faisant passer pour Nichi Vendola, le chef du parti Gauche Ecologie Liberté (SEL), Barca s'est lâché lundi sur l'arrivée au pouvoir de Renzi. "Il n'y a aucune idée derrière tout cela mais un tel niveau d'aventurisme! Et puisqu'il n'y a pas d'idées, on ne recherche que des slogans. Ça me désole, je suis malade, je suis vraiment inquiet, c'est étonnant de voir comment tout s'effondre", a dit l'économiste du Parti démocrate. Pour l'heure, les marchés financiers semblent satisfaits de l'arrivée de Renzi. Mardi matin, les taux sur les obligations à dix ans du Trésor italien oscillaient autour de 3,6%, proches de leur niveau le plus bas depuis 2006. Avec James Mackenzie; Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français