Mort d’un résistant syrien

Mort d’un résistant syrien

Il avait 82 ans et, jusqu’au bout, il aura tenu tête à de jeunes barbares qui veulent faire croire au monde que Mahomet n’aimait pas les autres cultures et que Dieu ne supporte pas l’idée que d’autres hommes aient pu laisser une trace de leur passage avant que le prophète de l’Islam ne délivre son message.

Khaled Assaad aura consacré sa vie au patrimoine syrien, à l’histoire de ce pays traversée par toutes les armées venues de l’Est, de l’Ouest, du Sud, laissant au fil des siècles leur architecture, leur mode de vie, leur empreinte. La Syrie, avant d’être un pays en guerre, est un pays qui abrite toute la culture méditerranéenne, notre culture à nous, Européens, leur culture à eux, Arabes, les même racines, le même passé, que l’on veut nous faire s’opposer.

50 ans à s’occuper de Palmyre ont fait de lui le plus grand spécialiste de cette petite Rome en plein désert. Une photo circule sur le Net, où on le voit faire visiter la ville à François Mitterrand. Aujourd’hui, Daesh a miné les principaux vestiges gréco-romains. Des dizaines de mausolées islamiques jugés indignes ont été détruits.

Avant leur arrivée, Khaled Assaad avait organisé l’évacuation de plusieurs centaines de pièces. Puis, le drapeau noir a été hissé dans la ville. Alors que l’armée syrienne bombardait, le conservateur appelait Damas pour demander d’arrêter les canons et les avions. La mémoire avant tout.

Depuis, Daesh impose sa loi. Les soldats syriens capturés ont été exécutés publiquement. La prison de Tadmore, symbole de la dictature d’Assad, a été ouverte et dynamitée. Ensuite, le vrai visage de ces fanatiques est apparu. De vulgaires trafiquants, qui ont commencé à organiser le trafic des pièces archéologiques. Dans une cave, Khaled et son fils ont été torturés pendant des jours. Le vieil homme a été frappé, interrogé avec une seule une même question : « Où est l’or ? Où sont les trésors ? » L’or de Palmyre voilà leur vrai Dieu. Khaled Assad avait beau leur répéter qu’il n’y a pas d’or caché, ils ne l’ont pas cru. Ils l’ont décapité comme une offrande à leur culte barbare.

Son corps a été pendu par les pieds sur une artère de la ville, la tête coupée posée au sol. Un carton indique en cinq points les raisons de son exécution : 1 - Représentant du régime à l’étranger ; 2 - Directeur des idoles archéologiques de Palmyre ; 3 - Visite en Iran ; 4 - Contacts avec le chef des services ; 5 - Contacts avec le général Sukar au palais présidentiel. Les totalitarismes ont toujours besoin de justifier leurs crimes.