Zone grise

Non, Libération ne se pose pas en défenseur de Nicolas Sarkozy. Mais des droits auxquels doit pouvoir prétendre n’importe quel justiciable, qu’il soit simple citoyen ou ancien président de la République. Nos journalistes ont eu accès à l’ensemble de la procédure du dossier Azibert dans lequel Nicolas Sarkozy est mis en examen, procédure qui vient d’être validée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. Et sans prendre parti pour les arguments au fond avancés par les avocats de l’actuel patron de l’UMP, ceux-ci posent des questions légitimes sur les moyens mis en œuvre par les enquêteurs et les magistrats opérant dans cette zone grise que sont les écoutes et les relations entre un justiciable et son avocat. La portée symbolique de ce dossier est amplifiée par le fait que ce pourrait être le seul pour lequel Nicolas Sarkozy risque d’être jugé avant la présidentielle de 2017. Autant dire que le moindre soupçon de harcèlement judiciaire sera exploité par celui qui veut la peau des juges d’instruction depuis longtemps. Au-delà de cette affaire, il y a le contexte de la loi sur le renseignement votée à l’Assemblée et la mise en place d’une surveillance généralisée qui voudrait que la fin - aussi légitime soit-elle - justifie les moyens. Ce qui manque, c’est cette certitude que les contre-pouvoirs existent, et que la justice peut garantir cette transparence sans laquelle il n’y a pas de démocratie. Autant pour protéger le citoyen Sarkozy de tout abus de justice que pour empêcher un président d’utiliser les moyens plus ou moins légaux mis à sa disposition pour protéger ses intérêts. Les principes s’appliquent même à celui qui en a manqué.



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