Zoe Wees, la chanteuse allemande qui cartonne sur TikTok avec son tube "Control"

Zoe Wees - Elea Gouzien - Universal
Zoe Wees - Elea Gouzien - Universal

Une voix sensible et puissante, une mélodie qu'on retient instantanément et une thématique difficile, à laquelle les auditeurs pourront s'identifier. Avec Control, son tout premier single sorti en mars, la chanteuse allemande Zoe Wees démarrait sa carrière sous les meilleurs auspices. Six mois et une pandémie mondiale plus tard, l'essai est transformé: le titre est diffusé par toutes les radios d'Europe, plébiscité sur les applications qui cartonnent chez les adolescents.

Difficile de passer à côté du phénomène: Control comptabilise 92,6 millions de streams à travers le monde - dont 864.000 par semaine en France, où elle est le troisième titre le plus recherché sur Shazam. D'après le site Top 40 Charts, elle se fait une belle place dans les classements belges et suisses (sixième des ventes numériques dans ce dernier pays). Spotify l'a boostée en la plaçant dans plusieurs playlists populaires. Sans compter le carton du titre sur TikTok, application favorite des adolescents devenue un véritable lanceur de carrières: Control a été utilisée dans les vidéos de plus de 54.000 utilisateurs.

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Adolescente, Zoe Wees l'est elle-même. C'est du haut de ses 18 ans que cette originaire de Hambourg met le pied dans l'industrie musicale: elle n'a que ce single à défendre lorsque nous la rencontrons dans les locaux parisiens d'Universal. Avec l'humilité de l'artiste qui débute, mais aussi l'assurance de celle qui sait où elle va, elle nous a parlé de ce premier titre prometteur. Et du traumatisme qu'elle y raconte: celui de s'être battue, de 9 à 15 ans, contre l'épilepsie rolandique.

Control est sorti en mars, et le succès a été croissant au fil des mois. Est-ce que ça vous a laissé le temps de vous adapter à cette nouvelle notoriété?

Nous n'aurions jamais pensé que Control irait aussi loin. En ce moment, c'est la folie. Au début on ne pouvait voir que les chiffres sur Spotify, mais les choses deviennent plus réelles maintenant que nous pouvons voyager (ce qui n'était pas possible avec le confinement, ndlr). Je peux voir tout le monde, les radios... Et je pense qu'une chanson a besoin de temps pour être lancée. Si Billie Eilish sort quelque chose, c'est tout de suite énorme. Mais les nouveaux-venus doivent travailler, travailler, travailler et prendre les choses comme elles viennent.

Les nombreux TikTok dans lesquels elle apparaît témoignent de son succès...

C'est dingue. Et c'est génial, parce que j'adore TikTok. J'ai fait plusieurs réunions avec eux, et ils ont été si gentils avec moi. Ils me soutiennent depuis le tout début, je ne pourrai jamais assez les remercier. (Elle sort son portable et montre la photo d'une grande affiche promotionnelle de TikTok en plein coeur de Berlin, sur laquelle son visage apparaît). Maintenant quand je sors, les gens me demandent: 'Tu es Zoe de TikTok?'"

D'après vous, pourquoi la chanson marche aussi bien?

Je pense que c'est ce qu'elle raconte. Les gens peuvent s'y identifier, parce que j'ai été très honnête, j'y parle de choses très personnelles.

Control est votre tout premier single, et vous avez décidé d'y parler de votre épilepsie. Pourquoi?

Toutes les chansons que j'ai écrites sont personnelles et authentiques. Je pense que si l'on écrit sur quelque chose qu'on a traversé, on ressent plus les choses. Les gens ont besoin de ça, et c'est comme ça qu'ils s'y identifient. Control est la première chanson que j'ai écrite de ma vie. Le jour de la session d'écriture (entourée des auteurs VVAVES et René Miller, ndlr) était émouvant, triste, douloureux, mais c'était très beau.

Vous y évoquez notamment les séquelles psychologiques de la maladie.

Quand je souffrai d'épilepsie rolandique, je me réveillais le matin et je savais qu'il y aurait une crise dans la journée. J'étais très anxieuse, j'essayais de la contrôler mais c'était impossible. Aujourd'hui, je suis guérie, mais cette anxiété est profondément ancrée dans ma tête. C'est ce que je raconte dans la chanson.

Vous avez été repérée à 14 ans par votre professeur de musique. Vous avez toujours su que vous comptiez emprunter cette voie?

Oui, il est venu me voir après un concert à l'école et nous avons commencé à travailler ensemble. Depuis, il a démissionné pour devenir mon manager. Je n'ai jamais rien fait d'autre que chanter. J'ai fait de la musique toute ma vie. C'est pour ça que j'ai raté l'école.

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Vous travaillez sur de nouveaux morceaux?

Oui, tout le temps. Tous seront sombres. Certains auront des sonorités joyeuses, mais les paroles sont toujours tristes. J'ai écrit une seule chanson heureuse dans ma vie, et je ne veux plus la chanter (rires). Je ne me sens pas à l'aise quand je la chante. Elle n'est pas authentique, elle ne me ressemble pas.

Pourquoi uniquement des chansons tristes?

Parce que je suis triste (rires). Je suis plus créative et j'écris de meilleures chansons quand je suis très triste. Avant de parler de quelque chose, il faut que j'écrive une chanson dessus. Trouver les mots pour vous exprimer, c'est ce qu'il y a de plus beau dans la musique. C'est pour ça que je veux progresser et que je suis si inspirée pour écrire.

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Vous avez participé à la version allemande de The Voice Kids, à 15 ans. Qu'avez-vous appris de cette expérience?

J'étais petite, et je ne le referai plus jamais. C'était sympa, j'ai rencontré beaucoup de gens adorables mais... (elle marque une pause) Je me disais que ce serait très fainéant de ma part de construire ma carrière sur un télé-crochet. Ce n'est pas ce que je veux, ça ne dure pas éternellement. C'est plus intéressant de démarrer avec une équipe qui travaille dur. Si vous prenez votre temps, que vous bossez, alors vous pourrez avoir une longue carrière.

Article original publié sur BFMTV.com