XV de France: "J’en avais vulgairement plein le cul du rugby", Danty raconte son spleen de sortie d’hiver

Jonathan Danty ou l’art de l’autocritique. Loin de ses standards depuis la Coupe du monde 2023, le centre du XV de France et du Stade Rochelais ne mâche pas ses mots en parlant de son niveau de jeu. "Mauvais. Et j’étais mauvais", lâche-t-il, avant la commotion" subie en janvier et qui le contraint depuis à porter des lunettes de repos pour soulager sa vision de près. N'y voyant pas de cause à effet entre son rendement sur le terrain et une éventuelle crainte de se livrer à 100% liée à la multiplication des coups reçus au visage ces derniers mois.

"J’ai conscience de mon niveau et je n’ai pas besoin qu’on me le dise", glisse à RMC Sport le joueur sélectionné à 29 reprises avec les Bleus, qui, de retour à la compétition dimanche dernier contre Toulouse après une période de convalescence pour soigner une acromio contractée le 11 mai contre Bordeaux-Bègles, regrette une "erreur stupide" en fin de match, sur une montée défensive qui a "ouvert la porte" au leader du Top 14 pour remonter le terrain et aller chercher le match nul (31-31).

Un dégoût du rugby pendant sa dernière suspension

Aux yeux de Jonathan Danty, cette saison délicate tient sa source d’un retour de Coupe du monde qu’il juge "difficile". "Je suis resté enfermé chez moi pendant cinq jours, j’étais malade, cloué au lit. Je ne sais même pas ce que j’ai chopé. A mon retour à la compétition avec le club, c’était une période assez délicate. On (les internationaux Rochelais, ndlr) a tous été mis sur le terrain. Autour de nous, le staff et les autres joueurs s’attendaient à ce que la dynamique de l’équipe change. Au final, pas du tout. Personnellement, je me suis senti dans une spirale négative, qui a continué de semaine en semaine et je ne parle pas du Tournoi…"

Et, en l’occurrence, de cette exclusion, assortie d’une suspension de cinq semaines, le 25 février, lors de la troisième journée du VI Nations.  "Je m’en veux énormément de ce carton rouge subi contre ltalie, grimace le centre. Je n’ai pas fait beaucoup de rugby (pendant la suspension), j’ai eu un rendez-vous avec Ronan (O’Gara, le manager de La Rochelle). Je lui ai dit qu’en gros… (il marque une pause) j’en avais vulgairement plein le cul du rugby! Et que j’avais juste besoin de me maintenir en forme, que je ne voulais pas faire tous les entraînements. La seule partie rugby que j’ai faite, c’est avec Sean Dougall (entraîneur rochelais délégué aux attitudes au contact). On a fait du statique sur la technique et la hauteur de plaquage. Sinon, je n’ai pas touché un ballon de rugby, je n’avais pas envie."

Aucune "croix" sur le XV de France

"Mais ces cinq semaines-là m’ont permis quand même de me repréparer", positive Jonathan Danty qui s’estime sur le "bon chemin" à l’aube d’une éventuelle phase finale du Top 14 avec son club, La Rochelle. "J’ai chargé quand même parce que le matin je commençais à 7h15 à jeun. Vélo, ensuite muscu et course. C’est tout ce que je déteste mais au final c’est tout ce que j’ai aimé parce que je savais que ça allait me servir pour la suite de ma saison, de ma carrière. Mentalement, ça m’a fait énormément de bien. J’ai coupé avec le rugby pour revenir meilleur. Meilleur que ce que j’étais."

En toile de fond, le centre international pense aussi au XV de France et à son statut de titulaire, mis en danger par ses dernières sorties sous le maillot bleu et par l’éclosion de jeunes "cracks", tels Nicolas Depoortère qui a terminé le Tournoi des VI Nations à son poste. "S’il y avait un Tournoi ou une tournée dans les prochaines semaines, je n’y serai sûrement pas et ce serait tout à fait légitime, concède Danty. Mais, l’équipe de France, je n’ai pas mis une croix dessus et c’est aussi pour ça que je travaille dur, que je ne lâcherai pas mis à part le jour où (...) je ne suis plus du tout invité."

Et le "titi" parisien de conclure: "Aujourd’hui, je me laisse encore l’opportunité de repostuler en équipe de France. A mon poste, il y a une très grosse concurrence avec des profils complètement différents. Ça dépendra aussi de la vision du staff, du jeu qu’il veut mettre en place. Nico (Depoortère) a fait ses débuts dans le Tournoi, Paul Costes régale avec Toulouse… S’ils sont meilleurs que moi, ils balayeront le vieux (sourire) et si jamais j’arrive à me mettre au niveau, il y aura match."

Article original publié sur RMC Sport