"J’ai subi une altération de la vue", Jonathan Danty contraint de porter des lunettes de repos depuis un énième coup à la tête

"J’ai l’habitude!" Personnage solaire, Jonathan Danty a préféré en rire quand il a été questionné ce mercredi à La Rochelle, à trois jours de la 26e et dernière journée de Top 14 et la réception du Racing, sur le coup reçu au visage dimanche dernier, en fin de partie, à Toulouse. Un rire toutefois jaune, au regard des multiples contacts à la tête dont il a fait l’objet ces deux dernières saisons. "C’est toujours assez particulier notamment quand on a subi une commotion il y a quelques mois, un gros choc peut très vite étourdir", a glissé le centre international, "les cervicales un peu tendues au retour du déplacement à Toulouse."

S’il ne s’est pas davantage épanché sur le sujet en conférence de presse, l’ancien joueur du Stade Français a relaté quelques minutes plus tard à RMC Sport les conséquences d’une commotion cérébrale subie en janvier, lors d’une rencontre de Champions Cup opposant La Rochelle à Leicester: "C’était juste avant le Tournoi des 6 Nations. J’ai vu un orthoptiste qui, suite à un suivi, s’est rendu compte que ma vue avait été dégradée suite à cette commotion. J’ai un petit souci maintenant sur la vue de près. Je dois porter des lunettes au maximum pour pouvoir reposer mes yeux."

"Ça pèse car ça reste mon intégrité physique"

"Je les mets surtout après les matchs et quand je rentre des entraînements, c’est les périodes où je suis le plus fatigué", précise Jonathan Danty qui n’avait "jamais eu de problème" lié à sa vision, auparavant. "Depuis ce moment, ça a été délicat. Ça pèse car ça reste mon intégrité physique. J’ai subi une altération de la vue. Ça reste léger mais on ne sait jamais comment le corps peut réagir sur le long terme. Il m’est conseillé de porter les lunettes au maximum."

"Si ça peut être incompatible avec la pratique du sport à haut niveau? Pas du tout, non. Sinon, je n’en aurai pas parlé", tient toutefois à rassurer le joueur aux 29 sélections avec le XV de France. "C’est juste que l’orthoptiste m’a demandé de porter des lunettes pour reposer mes yeux, ce qui me permettrait d’être plus performant sur les entraînements. Quant à porter des lunettes sur le terrain, non, non. Je n’en suis pas arrivé là et j’espère ne pas en arriver là."

La santé avant les challenges

S’il assure ne pas ressentir d’appréhension particulière en match et indique beaucoup travailler depuis sa dernière commotion sur "ses positions et sa hauteur de plaquage, pour plaquer plus bas", Jonathan Danty appelle publiquement à continuer de renforcer la vigilance et la prévention autour des conséquences des commotions cérébrales. "Malheureusement, on peut le voir dans plein d’autres pays, d’autres clubs, certains joueurs ont caché des commotions et sont en difficulté aujourd’hui."

"On se rend compte qu’il y a parfois des joueurs qui arrivent à la démence, qui vivent des moments très difficiles. Même si ces choses-là nous sont inconnues pour l’instant, c’est mieux de ne pas arriver là et ne pas déconner. Ça paraît important de jouer le jeu en tant que joueur, de ne pas céder à la pression – les staffs font de plus en plus attention à ça – mais parfois ça arrive qu’il y ait une sorte de pression autour des joueurs. Mais il ne faut pas avoir honte d’être blessé. Il faut bien se protéger. Le rugby s’arrête pour certains très tard selon les profils. Entre 35 et 38 ans. Après ça, il nous reste cinquante, soixante ans à vivre. Il faut se protéger et faire attention à sa santé. Même s’il y a des challenges intéressants, la santé est plus importante."

Article original publié sur RMC Sport