“Weird Japan” : les médias doivent cesser de présenter les Japonais comme des gens anormaux

Un business florissant de location de familles, une pratique fétichiste largement répandue chez les jeunes consistant à se lécher le globe oculaire ou encore des cours pour réapprendre à sourire. Certains articles publiés par de grands journaux de la presse internationale donnent une vision bien étrange de la société japonaise, avance cet article de Bloomberg.

Le journaliste, couvrant l’actualité du Japon et des deux Corées pour le compte du site américain, regroupe ces articles dans la catégorie “Weird Japan” – littéralement “Japon bizarre” –, affirmant qu’ils sont particulièrement répandus dans la presse occidentale. En mai, d’innombrables journaux anglophones, comme The Independent, s’étaient par exemple intéressés aux cours pour réapprendre à sourire, destinés aux Japonais qui auraient oublié comment faire durant la pandémie de Covid-19. Cette couverture démesurée donnait l’impression que ces cours étaient un véritable “phénomène de société”, et que les Japonais y avaient recours “en masse”.

En réalité, la fondatrice de ces cours baptisés “Egaoiku” ne compte qu’un seul avis sur Google et 17 abonnés sur son compte Twitter. Certaines sources affirment que ses cours n’ont été suivis que par 4 000 personnes depuis 2017, “soit environ 0,000 3 % de la population japonaise”. “S’agit-il vraiment d’une tendance méritant une couverture aussi large dans les grands médias internationaux ?” lance le journaliste.

En finir avec les stéréotypes

Pour Bloomberg, les médias internationaux ont même tendance à créer des sujets “fictionnels” venant renforcer un certain nombre de clichés et laissant croire que “les Japonais sont un peu bizarres, un peu décalés et un peu anormaux”. Même les titres les plus prestigieux ne seraient pas à l’abri : “un article primé du New Yorker daté de 2018 sur le business de la location de familles relevait presque entièrement de la tromperie”, tranche le chroniqueur.

Cette tendance est d’autant plus regrettable que des journalistes étrangers, grâce à leur travail d’investigation, ont permis de faire émerger des problématiques importantes au sein de la société nippone. En mars, la BBC britannique a réalisé un documentaire sur les violences sexuelles sur mineurs du producteur Johnny Kitagawa, suscitant d’intenses débats au Japon.

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