Wall Street et l'Europe chutent, les taux plongent avant Trump

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Wall Street a ouvert jeudi en nette baisse alors que les Bourses européennes creusent leurs pertes sur fond de chute des rendements obligataires et de forte poussée de la volatilité à l'approche des annonces de Donald Trump sur la taxation de certaines importations chinoises.

Le président américain doit signer à 16h30 GMT le document fixant les droits de douane sur certaines importations chinoises, qui devrait cibler particulièrement les secteurs de la technologie et des télécommunications.

La crainte d'une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales paraît animer davantage les marchés que les annonces faites mercredi par la Réserve fédérale américaine, qui privilégie toujours trois hausses de taux en tout cette année mais laisse entrevoir un resserrement plus agressif l'an prochain.

L'indice Dow Jones perd 257,11 points, soit 1,04%, à 24.425,2 points quelques minutes après l'ouverture.

Le Standard & Poor's 500, plus large, recule de 0,92% à 2.687,10 points et le Nasdaq Composite cède 0,94% à 7.276,31 points.

Aux valeurs, le segment technologique perd 1,1% avec un nouveau repli pour Facebook (-0,99%) après les excuses de Mark Zuckerberg, qui a reconnu des erreurs ayant permis à la société Cambridge Analytica de collecter les informations personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs du réseau social.

LES RENDEMENTS OBLIGATAIRES BAISSENT FORTEMENT

Twitter et Snap perdent respectivement 2,69% et 0,36%. Parallèlement aux répercussions des déboires de Facebook, les opérateurs de réseaux sociaux pourraient souffrir de la volonté des autorités de Singapour de faire adopter une loi visant à combattre les "fake news".

La peur d'une guerre commerciale pèse aussi sur les valeurs exportatrices comme Boeing et Caterpillar, qui perdent chacune autour de 2%.

A la baisse également, AbbVie perd plus de 9% après l'annonce de résultats décevants d'une étude intermédiaire sur un traitement du cancer du poumon.

La fébrilité des marchés avant les annonces de Donald Trump se traduit aussi par un net repli des rendements des emprunts d'Etat et par une poussée de volatilité sur les marchés d'actions en Europe comme aux Etats-Unis.

Le rendement des Treasuries à 10 ans cède huit points de base pour repasser sous 2,83%, alors qu'il avait dépassé 2,93% mercredi après le communiqué de politique monétaire de la Fed.

Le rendement du Bund allemand et celui de l'OAT française de même échéance suivent le mouvement, reculant chacun de six points de base, à 0,536% et 0,788% respectivement, leurs plus bas niveaux depuis début janvier.

Les indices mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 et du S&P 500 bondissent respectivement de plus de 20% et près de 15%.

Autour de la mi-séance en Europe, la Banque d'Angleterre a, comme prévu, laissé son principal taux directeur inchangé, à 0,5%, mais sa décision n'a pas été unanime contrairement aux attentes des investisseurs, qui devraient désormais anticiper de manière plus convaincue un tour de vis monétaire en mai.

Après ces annonces, la livre sterling a brièvement accru ses gains face au dollar et à l'euro avant de refluer dans le sillage des rendements obligataires britanniques.

Du côté des Bourses européennes, le CAC 40 parisien perd 1,6% à 5.155,77 points, le Dax allemand cède 1,65% et le FTSE britannique recule de 1,3%.

Le repli des rendements obligataires et les déclarations de la Fed pèsent sur le compartiment bancaire européen, dont l'indice Stoxx abandonne 2,53%.

(Édité par Blandine Hénault)