Vu de l’étranger : si le Rassemblement national vient à gouverner…

“Quand l’impensable devient plausible” : le titre de l’éditorial du Guardian, mardi 2 juillet, traduit assez bien la tonalité de la presse internationale ces derniers jours, après le premier tour des élections législatives. Le monde entier regarde la France sombrer dans l’inconnu, et partout on semble mesurer la gravité du séisme politique en cours. Au point que plusieurs journaux (dont El País, La Repubblica ou encore le Financial Times) appellent à reconstruire le front républicain pour faire barrage à l’extrême droite.

Chez nos voisins européens, comme aux États-Unis, en Algérie, au Liban, en Australie ou encore à Singapour, le scrutin a été suivi de très près, car les conséquences du vote français dépassent largement nos frontières. “Ces élections pourraient être le vote le plus dévastateur depuis la Seconde Guerre mondiale pour la France. Mais en sapant l’‘ordre mondial d’après-guerre’, elles pourraient aussi bien déstabiliser l’UE, l’Otan et l’Occident dans son ensemble”, affirme carrément le site d’information shanghaïen Guanchazhe. Sans aller jusque-là, il est notable de constater que la presse chinoise, d’ordinaire si prudente, a déjà consacré plusieurs articles à la situation dans l’Hexagone.

C’est dire l’enjeu de ce qui est train de se jouer aux yeux de la presse étrangère. À cela, une explication : “La France est une balise politique”, écrivait Madeleine von Holzen, le soir même du scrutin, sur le site du quotidien suisse Le Temps. “Elle a érigé des principes républicains qui placent l’universalisme au sommet de ses valeurs. Ce pilier hérité de la philosophie des Lumières affirme l’existence d’une unité du genre humain et celle d’un état de droit pour tous les citoyens. C’est le refus des particularismes, privilèges et inégalités de droits. Voir la France s’en éloigner, c’est se mettre à douter de la possibilité d’une société humaniste.”

C’est cette inquiétude qui transparaît largement dans les analyses de la presse internationale depuis deux semaines. Encore abasourdis par la dissolution annoncée brutalement le 9 juin, les correspondants étrangers en France n’en finissent plus d’épiloguer sur les motivations du président jugé largement responsable du désastre qui s’annonce. Emmanuel Macron a non seulement dissous l’Assemblée, mais il a aussi dissous le macronisme, juge ainsi Roger Cohen dans The New York Times. “Macron joue et perd la République”, titre le journal de gauche Die Tageszeitung.Micron”, ose de son côté le quotidien milanais Libero, comme pour souligner la faiblesse du score du parti présidentiel.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :