« Voyager protéger », le dispositif mêlant police et SNCF pour assurer la sécurité des trains

Depuis le 1er janvier, les policiers actifs ont le droit de prendre le train gratuitement grâce au dispositif « Voyager protéger ». En échange, ils doivent se signaler au personnel de bord et peuvent être appelés à intervenir en cas d’incident (photo d’illustration : en décembre à la gare de Lyon, à Paris).

POLICE - « Le dispositif “Voyager protéger” sauve, et il sauve des vies même. » Ce vendredi 3 février, après qu’un TGV Paris-Colmar a été longuement arrêté à quai après les menaces proférées par un passager, les ministres de l’Intérieur et des Transports, Gérald Darmanin et Clément Beaune, ont longuement insisté sur le rôle joué par ce « dispositif ». En réalité une facilité pratique destinée aux membres des forces de l’ordre et à assurer la sécurité des trains, dont l’existence est pourtant mal connue.

En effet, depuis un an et le 1er janvier 2022, à chaque fois que vous montez à bord d’un TGV ou d’un train Intercités de la SNCF, vous voyagez peut-être sans le savoir au côté d’un policier armé. C’est à cette date qu’est entré en vigueur le dispositif, qui permet, comme l’ont rappelé les deux ministres, aux policiers nationaux en activité de voyager gratuitement, en échange d’un service rendu.

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En effet, dans le cadre de « Voyager protéger », les fonctionnaires de police qui souhaitent bénéficier d’un billet de train gratuit doivent se signaler, au moment où ils montent dans le train, auprès du chef de bord et porter leur arme de service. En cas d’incident, les contrôleurs peuvent ainsi faire appel aux membres des forces de l’ordre présents à bord. C’est ce qu’il s’est passé ce vendredi, un policier de la PJ de Mulhouse hors service et voyageant en civil ayant pu intervenir pour maîtriser l’individu qui menaçait de se faire exploser.

Crime ou délit flagrant et brassard de police

Concrètement, les policiers voient 75 % du prix de leur billet pris en charge par l’administration, et bénéficient en plus chaque année d’un bon d’achat sécable de 200 euros pour couvrir la différence du coût des trajets. Peuvent en bénéficier la plupart des fonctionnaires de police, à l’exception par exemple de ceux qui se trouvent en arrêt maladie longue durée et bien évidemment de ceux interdits de porter leur arme de service.

Dès lors qu’un incident survient, ils ne peuvent toutefois pas intervenir à leur guise. Ils doivent le faire dans le cadre habituel lié à leur fonction, c’est-à-dire en cas de commission d’un crime ou délit flagrant, ou lorsqu’un passager se trouve en situation manifeste de danger et a besoin d’une assistance immédiate.

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Ils peuvent aussi être appelés à intervenir par l’équipage du train. Dans la circulaire de la Direction générale de la police nationale précisant les modalités du dispositif, il était par exemple évoqué l’idée d’une annonce faite par les contrôleurs s’adressant au passager de tel siège, sans préciser sa qualité ni la raison de son invitation à se manifester. Ensuite, pour passer à l’action, il est bien spécifié que ces policiers hors service doivent arborer leur brassard orange, voire un gilet pare-balles si possible et nécessaire.

Des précédents notables

Une procédure qui a déjà eu plusieurs occasions d’être mise à l’épreuve depuis un an. C’est ce qu’a rappelé Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports, après l’incident de ce vendredi. « On a vu (que ce dispositif sauvait des vies) au moment de l’attaque à la Gare du Nord : les premiers membres des forces de l’ordre qui étaient sur place étaient deux policiers qui venaient de terminer leur service et qui ont pu éviter un drame. »

Une référence à l’attaque à l’arme blanche qui a fait six blessés le 11 janvier. À l’époque, comme vous pouvez le voir ci-dessous, le ministre de l’Intérieur avait effectivement salué la réaction « efficace et courageuse » des fonctionnaires, expliquant qu’il s’agissait de policiers ayant terminé leur service et qui se trouvaient Gare du Nord pour « reprendre leur train et rentrer chez eux, et qui sont armés dans le cadre des dispositions que nous avons prises pour que les policiers continuent à garder leur arme administrative ».

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Au mois de juillet, après donc un peu plus de six mois d’existence du dispositif, la police nationale avait annoncé que le cap des 100 000 voyages effectués par des policiers dans le cadre de « Voyager protéger » avait été atteint. À ce moment-là étaient évoquées « 50 opérations pour des agressions, délits divers et nuisances ».

Depuis, les forces de l’ordre ont communiqué sur plusieurs cas. En octobre, c’est par exemple un policier qui s’apprêtait à prendre son train en gare de Marseille qui était intervenu après avoir été prévenu du comportement suspect d’un couple avec un nourrisson âgé de seulement cinq jours. « Le prématuré, enlevé à la maternité, a pu être récupéré grâce à son intervention et pris en charge par les pompiers », avait relaté la police nationale.

Plus tôt dans l’été, les communicants de la police nationale avaient aussi évoqué une intervention pour protéger une jeune femme prise en photo contre son gré par un autre voyageur, des policiers sollicités après des attouchements dans un train ou encore un contrôleur qui avait appelé à l’aide face à un passager agressif. Au soir de ce 3 février, la porte-parole de la police a réévalué le bilan total à plus de 80 situations ayant nécessité l’intervention d’un fonctionnaire hors service. Et de le promettre : « Nous continuerons de renforcer ce dispositif. »

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