Vosges: trois plaintes déposées contre l'hôpital de Remiremont après des décès inexpliqués

"Je veux savoir pourquoi je n'ai plus de maman." Azidine A. cherche a éclaircir les circonstances du décès d'un proche durant une hospitalisation à Remiremont, dans les Vosges. Et il n'est pas le seul dans cette situation. Selon les informations de BFMTV.com, Azidine A. est le troisième plaignant à enclencher une procédure pour "homicide involontaire" contre le centre hospitalier.

Trois plaintes font à ce jour "l'objet d’ouverture d’information judiciaire devant le juge d’instruction, des chefs d'homicide involontaire", nous confirme le procureur de la République d'Epinal, Frédéric Nahon.

Le 7 juillet 2020, la mère d'Azidine est transportée au centre hospitalier d'Épinal après une mauvaise chute. Les premières radios diagnostiquent une fracture du fémur et du col du fémur. Dans la foulée, la femme de 78 ans est transférée vers l'antenne de Remiremont mais là, les examens ne relèvent qu'un problème au niveau de la prothèse de son genou.

"Sors-moi de là, sauve-moi"

La patiente est opérée le lendemain de son admission, avec une sortie prévue quelques jours plus tard. Mais son état de santé se dégrade rapidement après l'intervention chirurgicale et, selon son fils, de manière totalement inexpliquée.

"Elle m'a appelé en pleurant, en me disant: 'Sors-moi de là, sauve-moi'", se souvient-il.

Inquiet, Azidine se rend à l'hôpital et découvre sa mère affaiblie, "toute blanche, transpirante, elle avait du mal à respirer". Puis la situation s'emballe sous les yeux d'Azidine, désemparé. "D'un coup, des infirmiers arrivent, intubent ma mère et la mettent dans le coma. On m'explique que son pronostic vital est engagé mais sans me dire pourquoi", retrace-t-il avant d'ajouter, amère:

"Quelques heures plus tard, ma mère est morte. Une mort 'mystérieuse', me dit un médecin. Je suis resté choqué face à ce commentaire."

Quatre mois plus tard, le 17 novembre 2020, une médiation est organisée à la demande de la famille de la patiente avec l'hôpital de Remiremont afin d'apporter des réponses à leurs questions. Une entrevue qui se solde par un nouvel échec: "Dans le rapport, il est écrit que 'la dégradation de son état de santé demeure inexpliquée' et qu'il n'est pas possible de donner une explication au décès", souffle Azidine A.

"Je pense qu'il y a eu une erreur quelque part, ou au moins un mauvais suivi. Ca me hante, je veux savoir pourquoi ma mère m'a demandé de la sauver...", se tourmente cet habitant de Nancy.

Des similitudes "troublantes"

Azidine A. a décidé de porter l'affaire devant la justice le 7 décembre, deux ans après les faits, car il a récemment découvert qu'il n'était pas le seul à être confronté au décès inexpliqué d'un patient de Remiremont. Le 9 novembre dernier, la famille Souque a elle aussi déposé plainte pour "homicide involontaire" contre le centre hospitalier après la mort de Martine Souque, 67 ans. Durant l'été, la sexagénaire a été admise dans le même service que la mère d'Azidine après s'être cassé le fémur.

Quelques jours après l'opération, "l'hôpital nous prévient que ma mère est en train d'être réanimée mais qu'il y a peu d'espoir. On tombe des nues car on passe d'une situation où il n'y a rien de grave à une dégradation subite et inexpliquée", expliquait fin novembre à BFMTV.com Angélique, la fille de la victime.

Quand la famille essaye de comprendre ce qui est arrivé à Martine Souque, elle se heurte à un mur: "Des décès on en a tous les jours, on n'en connaît pas toujours la cause", lui aurait-on dit.

L'incompréhension s'intensifie à la vue du dossier médical de la patiente. "Selon les transmissions des infirmiers rapportées dans le dossier, à 04h15 ma mère a appelé pour se plaindre de douleurs au thorax. Et plus rien jusqu'à 7 heures, sauf qu'à cette heure-ci sa température corporelle était déjà tombée à 33°C, donc on peut imaginer qu'elle était morte depuis un petit moment. Pourquoi une femme qui se plaint toute la nuit de douleurs est-elle restée sans surveillance pendant trois heures?", questionne Angélique Souque. Contacté par nos soins, le directeur de l'établissement de Remiremont nous avait alors affirmé être "disposé à recevoir la famille de Mme Souque pour tenter de répondre à toutes leurs questions, même si cette réaction arrive certes un peu tard".

Les similitudes entre ces deux affaires sont "très troublantes", réagit Me Nancy Risacher, l'avocate de la famille Souque et d'Azidine A. "Est-ce-que l'hôpital a commis des erreurs car il manque de personnel et de moyens, ou est-ce qu’il s'agit d'une incompétence notoire?", interroge-t-elle.

Une quatrième plainte pour "erreur de diagnostic"

Me Nancy Risacher représente également Jean-Bernard Rouillon qui est le premier à avoir engagé une procédure pour "homicide involontaire" contre l'hôpital de Remiremont. Il a déposé plainte en mai 2022 après le décès inexpliqué de son épouse de 59 ans qu'il impute, lui aussi, à une négligence des équipes médicales, nous affirme-t-il.

Enfin, une quatrième plainte vise ce même centre hospitalier, cette fois-ci pour une erreur de diagnostic, nous précise Me Risacher. "Mon client s'est fracturé dix côtes sans que cela ne soit relevé lors du scanner effectué par l'hôpital de Remiremont. Une erreur dont il subit à ce jour les conséquences, notamment au niveau des poumons", souligne l'avocate. De nouveau contacté par BFMTV.com, l'hôpital de Remiremont n'a pas encore répondu à nos sollicitations.

Article original publié sur BFMTV.com