"On lui a volé la fin de sa vie": la colère des filles d'une des victimes de l'explosion de la rue Saint-Jacques

Comme "un coup de massue". Un peu plus de deux semaines après l'explosion survenue rue Saint-Jacques, dans le 5e arrondissement de Paris, une femme de 59 ans est morte des suites de ses blessures le 6 juillet dernier.

Ses filles, Marie âgée de 29 ans et Laura de 31 ans, racontent au Parisien les jours qui se sont écoulés entre le drame et la mort de leur mère, mêlant tristesse et colère.

Un moment "difficile"

Le 21 juin, le jour où l'immeuble a explosé, les filles de Pascale se sont rapidement inquiétées. "J'ai tout de suite reconnu les lieux. Notre mère travaillait là-bas depuis trente-cinq ans", se souvient Marie.

"J’ai essayé d’appeler notre mère. Elle n’a pas décroché", raconte-t-elle.

La cadette décide alors de prévenir sa sœur et de se rendre sur place. Le Samu lui indique que sa mère a déjà été prise en charge. "Notre mère était déjà au bloc opératoire quand je suis arrivée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Les médecins m’ont tout de suite dit que ce serait difficile".

"Ça a été un coup de massue", confie-t-elle.

"Elle avait encore plein de débris dans les cheveux"

Les deux filles ont l'occasion de voir leur mère la nuit suivant l'explosion. Un moment "choquant" pour les sœurs.

"Elle avait encore plein de débris dans les cheveux. Elle avait été amputée d’une jambe, était branchée à plusieurs machines", racontent-elles.

C'est la dernière fois qu'elles ont vu le visage de Pascale, qui a ensuite été recouvert de bandages. "Il n’y avait plus que le bout de son nez qui dépassait".

15 jours pour "dire au revoir"

La victime a ensuite été transférée au service des grands brûlés de l'hôpital d'instruction des armées Percy à Clamart (Hauts-de-Seine), où elle meurt le 6 juillet. Marie et Laura expliquent avoir commencé leur deuil "dès le début".

"Il y avait ses reins, dont on ne savait pas s’ils refonctionneraient un jour. Ses brûlures… Elle avait été brûlée au deuxième et au troisième degrés dans l’explosion. On nous a dit que notre mère ne pourrait plus utiliser ses mains. Elle qui était autonome et indépendante. Nous aurions voulu la garder pour nous, mais dans quelles conditions pour elle?", questionnent celles qui ont "vécu au rythme de l'hôpital" pendant deux semaines.

Elles saluent le travail des médecins qui leur ont "quelque part (...) donné 15 jours pour lui dire au revoir".

"A 30 secondes près, elle serait encore en vie"

Mais avec la tristesse cohabite la colère. Elles parlent d'une mère qui travaillait à la mutuelle Saint-Christophe et aimait "le jardinage, ses chats, la musique". Croyante, elle était allée au Vatican en mai dernier et emmenait chaque année au mois d'août des malades à Lourdes (Hautes-Pyrénées).

"C'est presque partir en martyr. Cela n'a pas de sens", estiment ses filles, évoquant une vie qui n'a pas été "facile", marquée par la perte d'un enfant et de son mari.

D'autant que les policiers, qui ont vu sur les vidéos des caméras de surveillance de la mairie de Paris Pascale passer près du bâtiment au moment de l'explosion, ont assuré à Marie et Laura qu'à "30 secondes près, elle serait encore en vie".

Une fin de vie volée

Elles espèrent que leur mère sera la dernière victime de l'événement, "même si c'est déjà une victime de trop" et que les responsables seront connus.

"Elle était à cinq ans de la retraite. Pour nous, il lui restait au moins vingt ans à vivre. Elle venait de rencontrer quelqu’un, elle espérait des petits-enfants", confie Laura avant de lâcher: "Je suis en colère qu’on lui ait volé la fin de sa vie".

L'explosion a fait deux morts et plus de 50 blessés. Son origine n'est pas encore déterminée. Une instruction judiciaire a été ouverte pour "homicide involontaire, blessures involontaires de plus et de moins de trois mois, par violation manifestement délibérée d’une obligation de sûreté ou de prudence prévue par la loi ou le règlement".

Article original publié sur BFMTV.com