Des viticulteurs français en colère s’attaquent aux importations de vin espagnol à la frontière franco-espagnole

Des vignerons détruisent des bouteilles de vin d’un camion espagnol lors d’une manifestation pour protester contre les importations de vin espagnol, sur l’autoroute A9, au péage du Boulou.
LIONEL BONAVENTURE / AFP Des vignerons détruisent des bouteilles de vin d’un camion espagnol lors d’une manifestation pour protester contre les importations de vin espagnol, sur l’autoroute A9, au péage du Boulou.

FRANCE - Ils ne passeront pas ! Voilà le message qu’a essayé de faire passer des centaines de viticulteurs français opposés à l’importation de vin étranger en France ce jeudi 19 octobre. Pendant près de trois heures, ils s’étaient donc réunis pour former un barrage filtrant sur l’autoroute A9, à hauteur de la frontière franco-espagnole, au péage du Boulou (Pyrénées-Orientales).

Venus de plusieurs départements de cette région du sud-ouest de la France, dont l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales, ces viticulteurs en colère ont notamment brûlé des pneus sur la voie et « contrôlé » les poids lourds arrivant d’Espagne, à la recherche d’importations de vin espagnol.

Sur place, l’AFP a constaté la destruction du chargement de deux camions transportant du vin venu d’Espagne et la destruction de cagettes de tomates d’un camion directement sur l’asphalte.

Et selon des images relayées par France Bleu Roussillon, un camion transportant du champagne espagnol a également été vidé et détruit sur la route.

Les manifestants ont ensuite quitté les lieux, a précisé à l’AFP la préfecture des Pyrénées-Orientales, qui a recensé 380 manifestants sur place.

Les raisins de la colère

La mobilisation s’est ensuite poursuivie avec une opération escargot sur l’autoroute en direction de l’Aude jusqu’à 16 h 30, puis les manifestants encore présents ont brûlé des palettes et des pneus devant le centre des impôts de Narbonne jusqu’aux environs de 17 heures.

Selon le président du syndicat des vignerons des Pyrénées-Orientales, David Drilles, « c’est une révolte du bassin régional qui touche toute la région et même Paca », la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (sud-est).

Mais pour quelle raison ? « On sort de quatre années d’aléas climatiques », a rappelé David Drilles, en ajoutant : « On n’a pas d’argent, pas de visibilité (...) On n’en peut plus. On attend des prises en charge, des aides du type de celles qui ont été attribuées aux éleveurs ».

De son côté, le président du syndicat des vignerons de l’Aude, Frédéric Rouanet, dénonce depuis des semaines « un cocktail explosif » de facteurs défavorables : faible récolte à cause de mauvaises conditions climatiques, charges qui augmentent avec l’inflation, prix du vin qui ne suivent pas, d’autant que les importations par des négociants les font baisser.

En 2022, la France a importé plus de six millions d’hectolitres de vin, selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), mais certains crus, rouges et rosés en particulier, subissent une chute des ventes.

« Agressions totalement injustifiées »

Plus tôt ce mois-ci, les locaux d’une société d’embouteillage et de négoce de l’Aude avaient même été incendiés dans la nuit du 4 au 5 octobre et tagués d’une revendication contre l’importation de vin étranger.

Cet incendie, qui n’a fait aucun blessé, a depuis été revendiqué par le Comité d’action viticole, émanation locale du Comité régional d’action viticole (CRAV) qui exprime, par la force et depuis plusieurs décennies, « la colère » du monde viticole languedocien.

« Je ne cautionne pas ce genre d’actes, mais ils risquent de devenir quotidiens, vu la situation actuelle », avait alors déclaré à l’AFP le président du syndicat des vignerons de l’Aude.

Ce jeudi, la Confédération espagnole de transport de marchandises (CETM) a pour sa part dénoncé dans un communiqué des « agressions totalement injustifiées, qui mettent en danger la sécurité des chauffeurs professionnels et entraînent des pertes importantes pour le secteur », en appelant à des suites judiciaires.

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