En visite à Mayotte, Darmanin souhaite refonder le droit du sol

Cette visite de trois jours a pour objectif d'aborder la lutte contre l'immigration clandestine sur l'île.

Gérald Darmanin et son ministre délégué aux Outre-Mer Jean-François Carenco entament ce dimanche un déplacement de trois jours à Mayotte avec comme priorité la lutte contre l'immigration clandestine sur l'île, 101e département français en proie à la pauvreté et l'insécurité.

Le ministre de l'Intérieur, qui a tenu tout l'été un discours ferme sur l'immigration, entend revenir à Mayotte sur le sujet, objet d'un grand débat au Parlement à l'automne prochain avant la présentation d'un projet de loi.

Il espère pouvoir inscrire dans ce texte l'obligation pour "l'un des deux parents [d'être] régulièrement depuis plus d'un an (contre trois mois actuellement, NDLR) sur le territoire (de Mayotte) afin que leur enfant soit reconnu comme Français", a-t-il déclaré dans un entretien au Journal du dimanche.

Cette mesure devait déjà figurer dans le projet de loi spécifique à Mayotte avorté début 2022 après son rejet par les élus locaux.

De nouveaux moyens contre l'immigration illégale

Selon l'Insee, près de la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers sont nés sur l'île.

Pour lutter contre "les reconnaissances frauduleuse de paternité" pratiquées, dit-il, par des hommes en situation régulière aux bénéfices "d'enfants d'immigrés fraîchement arrivés", Gérald Darmanin annonce que "ces pères [devront] prouver qu'ils entretiennent l'enfant pendant trois ans et non plus seulement deux."

Pendant sa visite, le ministre doit notamment se faire présenter les nouveaux moyens aériens et maritimes de lutte contre l'immigration illégale et visiter le centre de rétention administrative de Pamandzi.

Forte natalité et émigration importante

Située dans l'océan Indien entre l'Afrique de l'est et Madagascar, l'île peuplée de 350 000 à 400 000 personnes selon les autorités, a vu sa population quadrupler entre 1985 et 2017 selon l'Insee, sous l'effet conjugué d'une forte natalité (plus de quatre enfants par femme) et de l'importante émigration d'habitants venus de l'archipel voisin des Comores.

Le gouvernement met en avant ses chiffres de reconduites à la frontière, plus de 23 000 en 2021, soit une hausse de 78% par rapport à 2020, année marquée par le Covid, et l'augmentation des interceptions de "kwassas-kwassas", embarcations légères à moteur utilisées par les migrants comoriens.

Mayotte, où l'âge moyen s'élevait à 23 ans en 2017, peine à insérer sa jeunesse dans la vie active : l'an dernier, 25 000 jeunes de 15 à 29 ans n'étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation, selon l'Insee, soit 36% de cette tranche d'âge, une part trois fois plus élevée que sur le reste du territoire français (13%).

Deuxième déplacement ultramarin pour Darmanin

L'île, théâtre régulier d'affrontements entre bandes ou avec les forces de l'ordre, connaît aussi une délinquance élevée, bien plus importante qu'en France métropolitaine, avec quatre fois plus de dépôts de plainte pour cambriolages et des agressions physiques beaucoup plus fréquentes.

Une insécurité alimentée par une grande pauvreté : 194 000 Mahorais, soit 74% de la population, vivent avec un niveau de vie inférieur à 50% de la médiane nationale, selon l'Insee.

Il s'agit du deuxième déplacement ultramarin du ministre de l'Intérieur, depuis qu'il a récupéré cet été le portefeuille des Outre-mer, après une visite à la Réunion début juillet.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Refus d'obtempérer à Vénissieux : Gérald Darmanin rappelle son soutien "à tous les policiers"