Virus : pourquoi ils détraquent l'immunité

C'est avéré : certaines infections virales jouent un rôle dans la survenue de maladies auto-immunes. Ainsi, la preuve est désormais apportée que deux virus peuvent être impliqués dans le diabète de type 1 et la sclérose en plaques. Ces liens justifient le choix de certains laboratoires de développer des vaccins ciblés. Explications.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°919, daté septembre 2023.

Et si une simple vaccination contre des virus communs suffisait à empêcher le déclenchement d'un "diabète de l'enfant" (type 1) ou d'une sclérose en plaques chez le jeune adulte ? C'est l'espoir - pas si fou - nourri par les récentes découvertes sur le rôle des infections virales dans la survenue de maladies auto-immunes : il existe un événement déclencheur, un point zéro identifiable à certaines de ces pathologies, caractérisées par un retournement soudain du système immunitaire contre l'organisme qu'il est censé défendre. Les soupçons qui pesaient en particulier sur deux virus depuis vingt ans sont quasiment confirmés : les Coxsackie B sont impliqués dans le diabète de type 1 ; et l'infection par le virus Epstein-Barr déclenche la sclérose en plaques. Bien sûr, l'infection fatidique intervient toujours sur un terrain de prédisposition génétique ou immunologique propice à l'auto-immunité. Dans le cas du diabète de type 1, ce sont les cellules bêta-pancréatiques chargées de produire l'insuline dans le corps qui, dès l'enfance, sont soudainement prises pour cible et détruites. La sclérose en plaques, elle, se déclare dans le système nerveux central : des cellules immuni-taires s'attaquent à la myéline, une gaine de protéines entourant les neurones et favorisant l'influx nerveux.

"Pour le diabète de type 1, il ne fait plus guère de doute que l'infection par un virus Coxsackie B chez des sujets prédisposés génétiquement soit l'événement déclencheur de l'auto-immunité contre les cellules du pancréas productrices d'insuline ", explique le Pr Roberto Mallone. À l'institut Cochin, à Paris, son équipe explore les réactions immunitaires à cette infection pouvant conduire à l'auto-immunité diabétique.

Un premier candidat-vaccin pour le diabète de type 1

Touchant plus de 95 % de la population mondiale, l'infection est le plus souvent bénigne voire asymptomatique, mais elle peut aus[...]

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