Violences sexistes et sexuelles dans le sport: la Fédération d'athlétisme "n'a rien à cacher", assure son président
Le président de la Fédération française d'athlétisme (FFA) André Giraud a été poussé dans ses retranchements ce jeudi lors d'une commission d'enquête parlementaire où il a qualifié de "fantaisistes" les déclarations d'athlètes ayant critiqué l'inaction de la fédération en matière de violences sexistes et sexuelles.
"La FFA n'a rien à cacher et elle ne protège personne", a affirmé M. Giraud, auditionné par la commission d'enquête sur les dysfonctionnements dans les fédérations sportives à l'Assemblée. "L'honneur et la réputation de la FFA ont été entachés dernièrement par certaines personnes auditionnées" qui ont tenu "des propos fantaisistes voire complotistes", a-t-il accusé d'entrée de jeu.
Les réponses aux témoignages de deux anciennes athlètes
Le 5 septembre, devant la même commission, deux anciennes athlètes de haut-niveau, Claire Palou et Emma Oudiou, avaient dénoncé des faits de harcèlement sexuel à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et avaient critiqué l'inaction de la fédération en la matière. Claire Palou estime que l'athlète qu'elle a dénoncé, en piste pour les JO de Paris, est "très protégé par son niveau", une "accusation grave et fausse", selon M. Giraud. Emma Oudiou a aussi affirmé avoir subi des agressions sexuelles de la part d'un entraîneur fédéral en 2014, dont elle a parlé en 2018 et qui ont fait l'objet d'une plainte ensuite classée.
Concernant cette affaire, "nous avons saisi tout de suite la commission de discipline et le ministère des sports", s'est justifié M. Giraud. L'entraîneur en question "a été suspendu immédiatement", "pendant 12 mois, il n'a pas pu exercer", a-t-il d'abord affirmé, avant de rectifier ses propos quelques minutes plus tard après les incohérences de calendrier pointées par la rapporteure de la commission, Sabrina Sebaihi (EELV). "Je vais vous dire la vérité. Pendant six mois il a été suspendu par le ministère des sports", a-t-il finalement précisé.
Des inexactitudes ont aussi été relevées dans l'affaire Claire Palou, quand la rapporteure a lu un mail envoyé par la Fédération à l'athlète qui contredisait ce que venait d'affirmer devant la commission Souäd Rochdi, la directrice générale de la FFA. Mardi, Mme Sebaihi avait dit à l'AFP "douter de l'exactitude de plusieurs déclarations" de dirigeants sportifs durant les auditions et n'exclut pas une saisine de la justice. Entre hésitations, flous, inexactitudes ou contradictions, les présidents de fédérations sont souvent mis en difficulté lors de ces auditions devant cette commission, qui suscite par ailleurs l'irritation chez certains dirigeants du sport français.