Violences sexistes et sexuelles dans le cinéma: une commission d'enquête créée à l'Assemblée nationale
L'Assemblée nationale a approuvé à l'unanimité jeudi la création d'une commission d'enquête chargée d'étudier les "abus et violences" dont sont victimes les mineurs et les majeurs dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.
La création de cette commission d'enquête répond à une demande formulée à plusieurs reprises par l'actrice Judith Godrèche. Devenue la figure de proue de la lutte contre les violences sexuelles sur les enfants depuis qu'elle a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour faits remontant à son adolescence, la comédienne continue de donner un relais politique à son combat.
"Il faut tout un système de protection"
Entendue à l'Assemblée nationale le 14 mars dernier, Judith Godrèche avait ainsi pris la parole devant la délégation aux droits des enfants pour demander une réforme du droit du travail dans le monde du cinéma et la création d'une commission d'enquête afin de protéger "les femmes et les enfants".
"Allons-nous garder le silence? Moi, je compte sur vous, je compte sur vous pour protéger les enfants, ne plus les livrer au cinéma sans aucune protection", avait-elle lancé aux députés.
"Je me permets de vous demander de prendre l'initiative d'une commission d'enquête sur le droit du travail dans le monde du cinéma et en particulier ses risques pour les femmes et les enfants", avait-elle ajouté.
Également auditionnée par le Sénat le 29 février, Judith Godrèche avait aussi plaidé pour "constituer une commission d'enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma". "Il faut qu'il y ait tout un système de protection mis en place et qu'on arrête de faire semblant de ne pas savoir", avait-elle insisté au Sénat.
"Identifier les mécanismes et les défaillances"
Cette proposition de résolution initiée par l'écologiste Francesca Pasquini a été approuvée par l'ensemble des 52 votants. "Il est temps d'arrêter de dérouler le tapis rouge aux agresseurs", a-t-elle lancé après le vote.
La commission d'enquête devra "évaluer la situation des mineurs évoluant au sein des secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de publicité", mais aussi des majeurs, après que la commission des affaires culturelles a étendu le champ d'investigation initialement envisagé.
Elle devra "identifier les mécanismes et les défaillances qui permettent ces éventuels abus et violences", "établir les responsabilités de chaque acteur en la matière", et "émettre des recommandations sur les réponses à apporter".
La création de cette commission intervient au lendemain de la parution d'un livre de l'actrice Isild Le Besco, où elle revient longuement sur la relation entre elle et Benoît Jacquot, entamée quand elle avait 16 ans. Si elle l'accuse de l'avoir violée, elle affirme ne pas être prête à porter plainte contre lui.